Violences sexuelles dans la musique : les accusations contre Diddy et Garth Brooks secouent l’industrie

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(FILES) US producer-musician Sean "Diddy" Combs poses with the Global Icon award in the press room during the MTV Video Music Awards at the Prudential Center in Newark, New Jersey, on September 12, 2023. The music industry has long evaded a #MeToo reckoning like that experienced in Hollywood or the media, but the blockbuster charges against hip hop magnate Sean Combs could finally prove an inflection point. (Photo by ANGELA WEISS / AFP)

L’industrie musicale américaine est-elle prête à prendre à bras-lecorps le sujet des violences sexuelles? Sept ans après la vague #MeToo qui a secoué le milieu du cinéma, l’arrestation de la figure du hip-hop Sean Combs relance la question. Après l’avalanche d’accusations à l’encontre de M. Combs, connu notamment sous le nom de Diddy, des activistes et observateurs du milieu de la musique espèrent que l’heure est venue pour un examen de conscience plus large. Le puissant rappeur et producteur américain est accusé d’avoir utilisé son empire musical pour violer ou agresser sexuellement plus de cent personnes, recourant à l’alcool et des drogues pour obtenir leur soumission. Une autre plainte récente vise une différente figure de l’industrie, le roi de la country Garth Brooks, accusé de viol par une ancienne coiffeuse et maquilleuse – des accusations qu’il dément. Il y a cinq ans, les lourdes révélations concernant la star du R&B R. Kelly, accusé de nombreux crimes sexuels, notamment sur des adolescentes, avaient poussé plusieurs médias à s’interroger sur un changement dans l’industrie. Le chanteur, désormais star déchue, a été condamné à 30 ans de prison pour crimes sexuels, pédopornographie et détournement de mineur. Pour autant, peu de changements ont été observés depuis dans cette industrie qui a longtemps rimé avec sexe et drogue et rock’n roll. Le chanteur Marilyn Manson, le magnat du rap Russell Simmons, le DJ Diplo, le producteur Dr. Luke ont eux aussi été accusés de violences sexuelles, comme de nombreux autres hommes puissants de l’industrie. Sans vraiment de répercussions.«Il y a ce passe-droit que nous accordons aux rock stars», analyse Caroline Heldman, professeure à l’université californienne Occidental College et cofondatrice de la Sound Off Coalition, qui lutte contre les violences sexuelles dans l’industrie musicale. Beaucoup de victimes «ont intériorisé» ce «cliché de la rock star» et considèrent «qu’elles auraient dû s’attendre à un mauvais comportement (de leur part), parce que c’était une rock star», explique-t-elle. De même, la couleur de peau et le statut de la victime – célèbre ou non -joue un rôle dans la résonance qu’obtiennent ces affaires de violences sexuelles, pointent les experts. Dans le cas de l’affaire R. Kelly, les victimes étaient des adolescentes et femmes noires «qui n’avaient pas le même pouvoir lié à la célébrité qu’avaient un grand nombre d’actrices qui se sont manifestées contre Harvey Weinstein», relève Mme Grover.