Vincent MESLET (France 2) : « Ma politique n’est pas de me séparer des plus âgés au profit des plus jeunes »

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Vincent MESLET, Directeur exécutif de France 2

D’ici quelques mois, France 2 va se renouveler. Mais à quoi ressemblera la chaîne en septembre 2016 ? Quelles nouveautés seront mises à l’antenne ? La chaîne du service public va-t-elle s’inscrire en rupture avec ce qui est proposé aujourd’hui ? Autant de questions que nous avons posées à Vincent MESLET, Directeur exécutif de France 2. Ligne directrice, chantiers en cours, ambition à moyen-terme, il nous brasse stratégiquement les changements qui seront mis en œuvre.

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Quels curseurs souhaitez-vous appliquer à France 2 ?
VINCENT MESLET
Tout d’abord, France 2 est une chaîne qui va bien. De ce postulat, mon souhait est d’appliquer un curseur qui inscrit l’originalité au cœur de notre identité. Tous les genres audiovisuels y sont exposés : fiction, documentaire, information, divertissement, culture, magazine, etc. Notre ADN doit être fondé à la fois dans l’équilibre et la cohérence des genres représentés. La diversité est une force. D’autre part, France 2 restera très incarnée par des présentateurs, des journalistes ou des acteurs à fort caractère. Je veux revendiquer le statut particulièrement vivant de France 2. La chaîne a pour défi de représenter la société française, de la décrypter mais aussi d’offrir de l’évasion. Les frontières entre les genres doivent être encore plus innovantes.

MEDIA +
Voulez-vous casser les codes ?
VINCENT MESLET
Un genre audiovisuel n’est pas affilié à une case en particulier. Dès lors, il doit y avoir une réflexion sur la forme des programmes. On sous-estime la force de l’imaginaire dans les divertissements pour décrypter la société, mettre en avant la vie artistique et le dépassement de soi. Quant à l’évasion, des formats comme «Rendez-vous en terre inconnue» ou les «Pouvoirs extraordinaires du corps humain» sont des pistes intéressantes pour la suite.

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France 2 va-t-elle rompre avec une certaine nostalgie ?
VINCENT MESLET
En effet ! Même si la nostalgie est porteuse d’audience, la mission de France 2 n’est pas de dire «c’était mieux avant». Sans faire preuve d’un optimisme trop naïf, nous allons nous donner les moyens de nous approprier l’époque et son devenir. Cela s’illustrera, entre autres, dans les magazines.

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Quels risques allez-vous prendre en fiction ?
VINCENT MESLET
La fiction est un genre prioritaire. Notre objectif ? La diversification. Nous nous appuierons sur les succès récents. A ce jour, nous recherchons une nouvelle fiction politique. Nous investirons aussi la fiction patrimoniale à condition qu’elle rompe avec un didactisme et des formes trop classiques. Nous ouvrirons une case en 2ème partie de soirée où nous allons créer une mini-série annuelle qui va se libérer des réglementations liées à la protection de la jeunesse en Prime. France 2 poursuivra enfin la comédie familiale et le polar. D’ici 2018, nous ouvrirons une case de fiction hebdomadaire le week-end en avant-soirée.

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France 2 va-t-elle connaître une refonte en profondeur en septembre?
VINCENT MESLET
Renouvellement ne veut pas dire rupture. En ce moment, je travaille avec les équipes et les producteurs. Je renégocie aussi des contrats. En septembre, il y aura l’amorce de la politique des quatre prochaines saisons. On impulsera un renouvellement en culture, politique, divertissement et fiction en s’appuyant sur ce que l’on est. Il y a des appels d’offres dans tous les genres. On ne s’interdit pas l’adaptation de formats. Aucun pilote n’a encore été lancé. C’est un calendrier assez normal.

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Quid du Day Time ?
VINCENT MESLET
On consulte beaucoup sur l’après-midi. Nous réfléchissons à l’évolution du divertissement et nous impulsons aussi des réflexions sur des magazines d’information et de culture. Nous ne savons pas encore si ces changements se feront en même temps. Nous déciderons de cela en mai-juin.

MEDIA +
Allez-vous recruter de nouveaux visages ?
VINCENT MESLET
Une télévision est fondée sur les talents et les bonnes idées d’émissions. Au-delà de toute polémique, les talents maison ont leur place. Il faut juste se mettre d’accord sur la manière dont ils évoluent sur l’antenne. Après, il est important de réfléchir à l’arrivée de nouveaux visages.

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Est-il vrai que Michel Drucker ou Patrick Sébastien ont fait leur temps ?
VINCENT MESLET
C’est une polémique qui n’a pas lieu d’être. De façon tout-à-fait naturelle, j’ai avec eux des discussions qui portent à la fois sur des évolutions éditoriales et un cadrage économique; il en est d’ailleurs de même avec les autres animateurs. Je déteste le mot rajeunissement. Ma politique n’est pas de me séparer des plus âgés au profit des plus jeunes. Ils ont fait et ils font le succès de la chaîne. Après, nous sommes une chaîne généraliste et leurs émissions doivent évoluer tout autant que le reste de l’antenne. France 2 doit incarner la créativité et la puissance. Nous voulons être indubitablement dans l’air du temps, à la fois sur le contenu mais aussi sur la manière dont il sera diffusé.

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L’Access de France 2 ne souffre-t-il pas d’immobilisme ?
VINCENT MESLET
Ces dernières années, Nagui a récupéré des cases très faibles et a réussi à les transformer. C’est un point d’appui et une sécurité pour la chaîne afin que nous puissions innover ailleurs. Je trouve sa popularité formidable. Je compte m’appuyer dessus plutôt que la remettre en cause.