Le ministère américain de la Justice a indiqué lundi qu’il réexaminait l’usage de technologies controversées pour surveiller les téléphones portables dans d’enquêtes pénales, comme moyen de localiser ou de confondre des suspects.
«S’agissant de cette technologie, le département de la Justice est en train de réexaminer ses pratiques pour s’assurer qu’elles reflètent l’engagement persistant du département à mener ses missions vitales tout en s’assurant du respect nécessaire de la vie privée et des libertés civiques», a déclaré dans un communiqué Patrick Rodenbush, porte-parole du ministère, confirmant une information du «Wall Street Journal». Selon le quotidien américain, le FBI a commencé ces derniers mois à solliciter des mandats auprès de la justice pour avoir recours à ces technologies permettant de traquer les téléphones portables et leurs propriétaires dans ses enquêtes, contrairement à ce qu’il faisait précédemment. De hauts responsables ont décidé d’être «plus ouverts sur la manière et la raison dont ces instruments sont utilisés», a ajouté le journal.
Les agences de renseignement et les forces de l’ordre américaines avaient recours dans le plus grand secret à ces technologies dans le cadre de la traque des jihadistes, ainsi que de suspects d’enlèvements ou de cambriolages. Mais cette pratique inquiétait les Américains et les compagnies téléphoniques, en raison de la surveillance de données privées de citoyens lambda. Le «WSJ» avait révélé l’an dernier l’utilisation par les autorités américaines d’un dispositif d’espionnage par avions récupérant des données de téléphones portables de dizaines de milliers de personnes via des boîtiers «dirtbox» imitant les signaux de tours de relais de téléphonie mobile. Ces technologies étaient utilisées par le FBI, les US Marshals – chargés de la gestion des prisonniers – et l’agence de lutte contre les stupéfiants (DEA).
Selon le journal américain d’investigation «The Intercept», qui s’appuie sur des documents transmis par Edward Snowden, l’agence nationale de sécurité américaine (NSA) et son homologue britannique seraient capables de suivre en toute discrétion les conversations de millions d’utilisateurs de téléphones portables dans le monde, par une méthode de piratage du cryptage des cartes SIM. En outre, la Cour suprême des Etats-Unis a jugé «généralement» anticonstitutionnelle la fouille inopinée d’un téléphone portable par les policiers, car elle empièterait de manière excessive sur la vie privée.
«Le fait que la technologie permette désormais à un individu de transporter ses informations avec lui ne les rend pas moins précieuses au regard de la protection de la vie privée voulue par nos pères fondateurs», avait jugé la haute Cour à l’unanimité. «Notre réponse est simple à la question de savoir ce que doit faire la police avant de fouiller un téléphone portable: obtenez un mandat», selon son arrêt de juin 2014.