Des peines de deux mois d’emprisonnement avec sursis ont été requises mercredi à l’encontre de l’ensemble des huit prévenus, quatre hommes et quatre femmes, âgées de 20 à 58 ans, jugées devant le tribunal correctionnel de Paris pour avoir posté des tweets antisémites visant April Benayoum, Miss Provence et première dauphine de Miss France 2021. «Qu’est-ce qu’on a voulu faire derrière ces injures? On a voulu dire à April Benayoum que non, il ne faut pas être fière de ses origines, comme si c’était un sujet tabou. Condamner les prévenus, c’est aussi défendre la liberté d’expression», a affirmé la procureure. Jugés pour «injures publiques commises à raison de l’origine, de l’ethnie, de la race ou de la religion», les huit prévenus (dont sept présents à l’audience), tous sans casier judiciaire, encourent un an de prison et 45.000 euros d’amende.En décembre 2020, au cours de la cérémonie des Miss retransmises sur TF1, April Benayoum, Miss Provence, avait expliqué que son goût pour la géographie était peut-être dû à ses origines. Sa mère est serbo-croate, son père israélo-italien, confiait la jeune femme sans se douter qu’elle allait déclencher dans la foulée un déferlement de messages de haine à son encontre sur Twitter. «Chacun des tweets des prévenus sont pour moi l’expression d’un mépris a minima ou d’une invective à l’égard d’une personne en raison de son origine», a estimé la procureure. «Je me suis sentie extrêmement mal», avait auparavant indiqué à la barre la jeune femme de 22 ans. «Si je suis présente aujourd’hui c’est tout simplement parce que je ne veux pas que ces personnes restent impunies et cachées derrière des écrans», avait ajouté la jeune femme en veste de tailleur rose et jean noir. Les tweets à son encontre étaient sans ambiguïté. «Je vote contre la juive (…) Miss Provence est israélienne cette chienne (…) Je boycotte Israël», a lu la présidente de la 17e chambre en citant les tweets incriminés. A l’audience, les prévenus ont tous admis avoir écrit des propos injurieux… mais aucun n’a reconnu le caractère antisémite des messages postés. Certains ont concédé avoir agi au nom de la cause palestinienne. Leurs avocats ont dénoncé «la pression politique» autour de ce procès alors que plusieurs membres du gouvernement avaient fait part de leur indignation à l’époque des faits. La plupart ont plaidé la relaxe. «J’ai tweeté parce qu’Israël ne respecte pas les droits fondamentaux (…) J’aurais fait la même chose pour l’Arabie saoudite ou le Qatar qui sont des pays musulmans mais je ne souhaitais pas m’en prendre à une personne», a expliqué à la barre Jasmine B., 23 ans, une podologue, dont l’avocat précise qu’elle est «fille de militaire». «Votre tweet c’était quand même un appel à boycotter Israël?», demande à Jasmine B. Me Muriel Ouaknine-Melki, avocate de l’Organisation juive européenne, une des multiples parties civiles de ce procès. Rayanne M., 23 ans, préfère jouer l’incompréhension. «Mon tweet (où il appelait à «voter contre la juive») c’était un troll, rien de sérieux, rien d’antisémite c’était pour amuser la galerie», dit-il avant d’exprimer ses «gros regrets». «C’est des tweets faits au millième degré (…) j’ai toujours caricaturé les racistes, les homophobes, les antisémites», se défend Rayanne, «sans emploi depuis quatre mois». «C’est de l’humour nul», tente le jeune homme. – «Mais je ne comprends pas. Où est l’humour là?», l’interrompt la présidente de la 17e chambre. Le jeune homme n’a pas de réponse. «J’ai rien contre les Israéliens et la religion juive», dit-il. La date de la décision a été fixée au 3 novembre.
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