La Journée de la Création TV se tiendra le 25 juin au Palais du Luxembourg à Paris. Cet évènement organisé par l’Appa, en partenariat avec Public Sénat, existe depuis 2004, sous le nom des «Journées de la fiction TV» et a su s’imposer comme le rendez-vous majeur dans le domaine de la création audiovisuelle. Cette année, la manifestation, qui donnera lieu à de nombreux débats et tables rondes sur l’évolution de la télévision, des séries et films de fiction, franchit une nouvelle étape en ouvrant son champ d’action aux documentaires.
média + : Pourquoi avoir ajouté, cette année, le documentaire à la fiction?
Jean-François Boyer : C’est à la demande des professionnels du milieu du documentaire qui ont vu l’apport des «Journées de la fiction TV» depuis leur création et qui ont bien compris l’intérêt de faire un événement annuel pour parler de leurs métiers. Et plutôt que de faire une manifestation séparée, on a regroupé les deux domaines ensemble pour en faire une grande journée de la création TV puisque documentaires et fictions sont les deux piliers des œuvres de la télévision.
média + : Pouvez-vous nous faire un point sur les précédentes éditions ?
Jean-François Boyer : Il y a trois avancées majeures qui ont été relancées lors des précédentes journées de la fiction TV dont le crédit d’impôt qui a permis de réactualiser les tournages en France et l’expansion de la taxe COSIP (Compte de soutien à l’industrie des programmes) aux nouveaux entrants et aux fournisseurs d’accès Internet. La troisième avancée, qui n’est pas totalement aboutie, concerne le rapport Hadas-Lebel du Ministère de la Culture sur la circulation des œuvres. Il faut savoir qu’en France, il existe un cachet comédien qui doit être versé au moment de la rediffusion, c’est pourquoi, on voit si peu de séries françaises rediffusées en day-time mais plutôt des séries allemandes, brésiliennes ou mexicaines. Ce rapport donne des pistes pour renforcer le mode de rémunération des comédiens et donc, à terme, permettre à nos séries d’avoir un deuxième marché.
média + : Quels sont, selon vous, les autres obstacles qui freinent le développement de la fiction et du documentaire français ?
Jean-François Boyer : C’est le débat de cette année. Pour le documentaire, il faudrait élargir le crédit d’impôt qui, aujourd’hui, ne concerne que quelques rares grands docu-fictions. Les auteurs, producteurs ou réalisateurs de documentaires font un travail de passion mais qui est très peu rémunéré et leurs sociétés vivent fragilement. Concernant la fiction française, elle vit aujourd’hui une crise gravissime car elle est ensevelie sous le succès de la fiction américaine. Il y a plusieurs blocages en France, notamment, de la part des chaînes de télévision qui ont peur de passer des commandes en volume. N’importe quelle série américaine est commandée en 22 ou 24 épisodes. En France, on vous commande une série de six épisodes et si vous faites vos preuves, au bout de 2/3 ans, si tout se passe bien, on vous en commandera 12. Et puis l’autre grand blocage, c’est la pauvreté de la programmation française en day-time. Hormis, «Plus belle la vie», dont j’ai été le producteur, et «Sous le soleil», il n’y a quasiment aucune série de création française en journée.