Grégoire Deniau est arrivé sur France 24 en septembre pour occuper le poste de directeur de la rédaction. Cet ancien grand reporter d’ «Envoyé spécial» est là pour faire de cette chaîne, autre chose que de la « radio filmée ». Il est aussi à la tête des 170 journalistes chargés de réaliser les programmes de la chaîne en plusieurs éditions : en français, en anglais et bientôt en arabe. Tous sont placés dans une seule et unique newsroom.
La newsroom de France 24 :
« Un même esprit pour un même message »
média+ : A quoi ressemble cette newsroom ?
Grégoire Deniau : C’est une salle rectangulaire de 1 000 m2. A l’extrémité gauche, il y a le plateau de langue anglaise, à droite, le plateau francophone. Tout autour, il y a des tables de travail. Les journalistes de vingt-sept nationalités différentes qu’ils soient francophones, anglophones ou arabophones, ne sont pas séparés.
Il n’y a pas de services distincts, les journalistes mixent leurs sujets directement sur leur ordinateur. Les journalistes télé et internet travaillent les uns à côtés des autres.
C’est tout autant une organisation matérielle qu’une organisation intellectuelle : les différentes rédactions n’en font qu’une, et elles sont placées sous une seule direction de la rédaction.
média+ : Qu’est ce qui change avec une telle newsroom ?
Grégoire Deniau : Ça change beaucoup de choses. Nous appliquons un parallélisme total de l’information entre les différentes éditions de nos programmes. En d’autres termes, nous ne traduisons pas comme sur Euronews. Les journaux francophones et anglophones sont réalisés par des équipes complètement différentes, même s’il s’agit des mêmes sujets et de la même hiérarchie de l’information. Chaque journal aura un chroniqueur économique différent, l’un anglophone, l’autre francophone.
De même, pour un magazine, le présentateur et les invités seront différents selon l’édition. La newsroom permet de garder une cohésion et une cohérence entre les deux versions.
La manière de voir une information ou son importance ne sont pas identiques. Ça fait l’objet de débats en conférence de rédaction. Ainsi, nous avons débattu de la manière dont devait être traité le renoncement de Lionel Jospin à l’investiture socialiste.
Compte tenu de son passé et de sa stature internationale, nous en aurions parlé, contrairement au renoncement de Jack Lang. (NB : la chaîne n’émet pas encore. La première diffusion est prévue pour le 6 décembre 2006).
média+ : Cette newsroom est-elle représentative de la philosophie de France 24 ?
Grégoire Deniau : Nous voulons éviter l’information franco-française : on s’adresse à un public étranger. La rédaction adopte le même esprit pour délivrer le même message. En plus ça met une bonne ambiance dans la rédaction.