Privées d’antenne par l’armée, des télévisions thaïlandaises tentent de contourner la censure grâce aux réseaux sociaux. Mais ceux-ci sont aussi menacés.
Dès l’annonce de la loi martiale mardi par une armée se disant soucieuse de régler ainsi une crise politique de 7 mois, les généraux ont interdit une dizaine de chaînes pouvant «déformer l’information» et «aggraver le conflit». Ils s’en sont ensuite pris aux réseaux sociaux et sites, priés de ne rien diffuser de «provocateur», pour tenter de maîtriser ce contre-pouvoir qui fut au coeur des révolutions arabes. Et dans ce pays d’Asie qui est l’un des plus connectés au monde, même si les réseaux sociaux sont plus utilisés pour partager des photos de son dîner de la veille que pour donner le signal d’un meeting politique, un organe chargé de la censure sur internet a été créé mercredi. Il a fermé six sites «inappropriés», avec la «coopération» de l’important fournisseur d’accès thaïlandais True, selon la Commission nationale des télécommunications.
Sans commune mesure avec le blocage de plus d’un millier de sites, pour des raisons de sécurité, lors de la précédente crise politique de 2010. Mais empêcher l’accès depuis la Thaïlande à des sites hébergés à l’étranger ou à la plateforme de partage de vidéo YouTube de Google n’est pas aussi aisé. Et jeudi, les chaînes satellitaires interdites continuaient à diffuser, notamment via YouTube. «On diffuse de courts clips sur YouTube… Nous continuons à travailler normalement. La seule chose, c’est que nous ne faisons plus de live», explique Rattiya Mingsagul, reporter de BlueSky, chaîne d’opposition privée d’antenne qui s’affiche sans fard comme un organe de propagande des manifestations d’opposition. L’armée n’a pour l’heure pas pris de mesures d’ampleur contre les blogueurs comme en Chine ou au Vietnam voisin, laissant travailler l’auto-censure et la crainte de poursuites judiciaires. «Nous n’avons pas été censurés ou senti le besoin de nous auto-censurer», réagit jeudi le journal «Khaosod», plutôt pro-gouvernement.
Et les caricatures se multiplient sur Facebook, comme le remplacement par une tête de chaton du visage du chef de l’armée de terre annonçant «la loi martiale des chats», avec comme unique règle que «les chats ont toujours raison». Sur une autre page, un dessin montre un présentateur lisant, sous la menace d’un canon: «Ceci n’est pas un coup d’Etat». «La loi martiale ressemble beaucoup à un coup d’Etat, car ils ont commencé par se saisir des médias, afin d’être sûrs que les communications soient sous leur contrôle», analyse Chiranuch Premchaiporn, du site d’informations indépendant prachatai.com.
Celle qui fut condamnée en 2012 pour des commentaires d’internautes sur son site jugés insultants envers la monarchie estime que cette nouvelle censure n’empêchera pas les Chemises rouges pro-gouvernementales de mobiliser leurs troupes en cas de renversement du gouvernement, «par le bouche-à-oreille». «Ils nous ont fermés parce que nous appartenons à un mouvement politique qui aurait pu les attaquer», estime Artit Kalainegern, de la chaîne rouge UDD, rencontré lui aussi au Club de l’armée. Là aussi, internet fait office de solution de repli et la chaîne se focalise sur la retransmission via internet du rassemblement des Chemises rouges dans une banlieue de Bangkok, dans l’attente de l’issue des négociations. L’unique sujet tabou dans les rédactions jusqu’ici en Thaïlande était la famille royale, dans un pays doté d’une des lois de lèse-majesté les plus drastiques, avec de la prison ferme à la clef. d’antenne par l’armée, des télévisions thaïlandaises tentent de contourner la censure grâce aux réseaux sociaux. Mais ceux-ci sont aussi menacés. Dès l’annonce de la loi martiale mardi par une armée se disant soucieuse de régler ainsi une crise politique de sept mois, les généraux ont interdit une dizaine de chaînes pouvant «déformer l’information» et «aggraver le conflit». Ils s’en sont ensuite pris aux réseaux sociaux et sites, priés de ne rien diffuser de «provocateur», pour tenter de maîtriser ce contre-pouvoir qui fut au coeur des révolutions arabes. Et dans ce pays d’Asie qui est l’un des plus connectés au monde, même si les réseaux sociaux sont plus utilisés pour partager des photos de son dîner de la veille que pour donner le signal d’un meeting politique, un organe chargé de la censure sur internet a été créé mercredi. Il a fermé six sites «inappropriés», avec la «coopération» de l’important fournisseur d’accès thaïlandais True, selon la Commission nationale des télécommunications.Sans commune mesure avec le blocage de plus d’un millier de sites, pour des raisons de sécurité, lors de la précédente crise politique de 2010. Mais empêcher l’accès depuis la Thaïlande à des sites hébergés à l’étranger ou à la plateforme de partage de vidéo YouTube de Google n’est pas aussi aisé. Et jeudi, les chaînes satellitaires interdites continuaient à diffuser, notamment via YouTube. «On diffuse de courts clips sur YouTube… Nous continuons à travailler normalement. La seule chose, c’est que nous ne faisons plus de live», explique Rattiya Mingsagul, reporter de BlueSky, chaîne d’opposition privée d’antenne qui s’affiche sans fard comme un organe de propagande des manifestations d’opposition. Micro à la main, elle est paradoxalement autorisée à travailler, avec ses confrères des chaînes interdites, dans la salle de presse du Club de l’armée où se massent les journalistes suivant les négociations politiques se poursuivant jeudi. Et elle tweete, sous le nom de @Rattiya_bluesky, même si la plupart de ses tournages «vont directement aux archives». L’armée n’a pour l’heure pas pris de mesures d’ampleur contre les blogueurs comme en Chine ou au Vietnam voisin, laissant travailler l’auto-censure et la crainte de poursuites judiciaires. «Nous n’avons pas été censurés ou senti le besoin de nous auto-censurer», réagit jeudi le journal Khaosod, plutôt pro-gouvernement. Et les caricatures se multiplient sur Facebook, comme le remplacement par une tête de chaton du visage du chef de l’armée de terre annonçant «la loi martiale des chats», avec comme unique règle que «les chats ont toujours raison». Sur une autre page, un dessin montre un présentateur lisant, sous la menace d’un canon: «Ceci n’est pas un coup d’Etat». «La loi martiale ressemble beaucoup à un coup d’Etat, car ils ont commencé par se saisir des médias, afin d’être sûrs que les communications soient sous leur contrôle», analyse Chiranuch Premchaiporn, du site d’informations indépendant prachatai.com. Celle qui fut condamnée en 2012 pour des commentaires d’internautes sur son site jugés insultants envers la monarchie estime que cette nouvelle censure n’empêchera pas les Chemises rouges pro-gouvernementales de mobiliser leurs troupes en cas de renversement du gouvernement, «par le bouche-à-oreille». «Ils nous ont fermés parce que nous appartenons à un mouvement politique qui aurait pu les attaquer», estime Artit Kalainegern, de la chaîne rouge UDD, rencontré lui aussi au Club de l’armée. Là aussi, internet fait office de solution de repli et la chaîne se focalise sur la retransmission via internet du rassemblement des Chemises rouges dans une banlieue de Bangkok, dans l’attente de l’issue des négociations. L’unique sujet tabou dans les rédactions jusqu’ici en Thaïlande était la famille royale, dans un pays doté d’une des lois de lèse-majesté les plus