Télés et radios françaises passent à l’heure américaine

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Télévisions et radios hexagonales vont déployer des efforts inédits pour couvrir l’élection présidentielle aux Etats-Unis, avec notamment des nuits américaines sur TF1 et France 2 en plus des chaînes d’info, malgré le Covid-19 qui complique la donne. «Cette élection est particulière à plus d’un titre, c’est la réélection ou pas d’un personnage hors normes, Donald Trump, et dans une situation sanitaire catastrophique aux Etats-Unis», explique Hervé Beroud, directeur général délégué d’Altice Media, dont les différentes antennes (BFMTV, RMC…) sont mobilisées. BFMTV proposera notamment des soirées depuis un plateau aménagé à Washington, avec vue sur la Maison blanche, et de nombreuses éditions spéciales. France Télévisions va envoyer une cinquantaine de personnes (journalistes, équipes techniques…) pour couvrir l’événement. Le 20H d’Anne-Sophie Lapix sera diffusé depuis New York et Washington, mardi et mercredi prochains, et une nuit consacrée au «choix américain» proposée en direct simultané sur France 2 et franceinfo. Et France 5, outre des documentaires dimanche, va même délocaliser le magazine «C dans l’air», pour la toute 1ère fois, à New York. «C’est un dispositif inédit pour nous», à la hauteur d’«un événement historique», souligne Amaury Guibert, directeur adjoint de la rédaction nationale du groupe public. TF1, de son côté, va diffuser la nuit américaine de sa chaîne d’info LCI, du 3 au 4 novembre, entre 01h15 et autour de 07h00 du matin, annonce Thierry Thuillier, le patron de l’info du groupe TF1. «C’est l’une des 1ères fois qu’on a décidé de le faire. C’est un moment clé, et il y a du suspense autour de ce choix qui va fortement déterminer le cours de la planète dans les quatre prochaines années», insiste Thierry Thuillier. CNews proposera aussi une nuit américaine autour de la retransmission de la soirée électorale de CBS News. Les radios seront aussi de la partie, dont France Inter/franceinfo, RTL, Europe 1, RMC… Mais le Covid-19 n’aide pas. Jusqu’à cet été, les rédactions devaient en effet ruser pour faire entrer des journalistes aux Etats-Unis, en raison des restrictions imposées par les Américains. «On s’est efforcés d’être débrouillards, et on a été parmi les premiers à trouver le truc pour contourner le «travel ban»», en passant par des pays d’où l’on pouvait se rendre plus facilement aux Etats-Unis, témoigne Jean-Marc Four, directeur de la rédaction internationale de Radio France. Son groupe voulait «être sur le terrain d’abord et avant tout, c’est notre meilleur atout pour faire comprendre ce qu’est l’Amérique d’aujourd’hui», surtout après l’expérience de 2016, où les médias n’ont pas vu venir la victoire de Trump en raison «d’un excès de regard à la jumelle», dit-il. Toutefois, la situation s’est débloquée côté visas. Radio France et les autres médias assurent que leurs demandes ont été acceptées depuis septembre. «On avait de grosses questions mais finalement tout s’est bien passé», assure Hervé Béroud. Cependant, «outre un visa, il faut passer un test PCR en partant, et un autre pour pouvoir rentrer en France», précise Amaury Guibert. A ces complications est venu s’ajouter un autre défi, indirectement lié au Covid : le dépouillement pourrait traîner en longueur, du fait de l’envolée du vote par correspondance dans plusieurs Etats clés. Si le scrutin est très serré, la désignation du vainqueur pourrait prendre des jours voire des semaines. «C’est un scénario auquel on se prépare, on a notamment prévenu nos équipes qu’elles pourraient rester plus longtemps», souligne Amaury Guibert. «Généralement on plie bagage le jeudi, là on fait en sorte de pouvoir rester», abonde Jean-Marc Four. Une mobilisation amplement justifiée par les conséquences de ce scrutin jusqu’en France. «L’élection présidentielle américaine précède seulement d’un an et demi l’élection présidentielle française, et on regarde ça avec beaucoup d’attention», confie Hervé Béroud.