T. DUBOIS (Prime Video) : «Nous cherchons à créer des programmes aspirationnels et lumineux»

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CONNECT AVEC – Thomas DUBOIS, Directeur des contenus Originals chez Amazon MGM Studios France

Quelle rentrée pour Prime Video ? Cinq ans et demi après son lancement en France, le service de streaming d’Amazon se revendique comme «une destination complète de divertissement». Rencontre avec Thomas DUBOIS, Directeur dess contenus Originals chez Amazon MGM Studios France.

Quelle leçon retenez-vous avec avoir lancé 35 Originals depuis votre arrivée en 2019 ?

En France, nous avons la capacité d’innover. On bénéficie d’un formidable vivier de talents, qu’il s’agisse d’auteurs ou de réalisateurs, et nous avons la possibilité de créer des projets différenciants qui sortent des sentiers battus. Lorsque nous sortons du cadre traditionnel et partageons une vision commune avec ces talents, les résultats sont souvent fructueux. Ces projets peuvent non seulement rencontrer un grand succès en France mais également à l’international, comme ce fut le cas avec «Medellin». D’autres fictions prometteuses comme «Culte» devraient faire parler d’elle. Cette idée est née d’une proposition d’Alexia Laroche-Joubert, qui a suggéré de créer une fiction autour du phénomène «Loft Story». Ce que je retiens de nos productions originales, c’est que la France regorge de talents et que sa créativité ne demande qu’à être pleinement exploitée.

Quel est le dénominateur commun de vos projets ?  

Nous cherchons à créer des programmes aspirationnels et lumineux. Ca a été le cas des séries-documentaires sur Orelsan ou Squeezie qui ont rencontré leur public. Un de nos objectifs est de mettre en avant des héroïnes et des héros ordinaires, des personnes comme vous et moi, qui accomplissent des choses extraordinaires. C’est un peu l’esprit de «Miskina, la pauvre», une série de comédie qui raconte avec légèreté et humour l’histoire d’une héroïne musulmane en surpoids et vierge (sortie vendredi dernier sur Prime Video, ndlr). Il n’y a que nous pour faire ça !

Quel enseignement retenez-vous de ce qui a moins fonctionné ?

Les spectateurs apprécient quand on leur propose des programmes avec des promesses claires. Avec l’abondance de contenus disponibles, que ce soit à la télévision ou via les services de streaming, il est essentiel d’offrir une proposition simple et percutante. Entre les productions locales et étrangères, il y a tant de choix que la clarté est primordiale. Le public doit aussi percevoir l’authenticité derrière un projet, sentir que ceux qui l’ont réalisé y ont mis tout leur cœur.

Conservez-vous le même volume d’inédits ?

Le nombre de productions originales n’a jamais diminué au fil des ans. Nous maintenons un volume constant de production, malgré un marché en contraction. Chaque année, nous développons une dizaine de projets : généralement 4 programmes de flux, 3 à 4 films, et le reste en séries, mais cela peut varier. Il s’agit toujours de trouver le bon équilibre. En ce qui concerne les documentaires, nous sommes constamment à la recherche de la prochaine histoire inspirante à raconter.

Sur le flux, vous misez toujours autant sur la comédie ?

Il y a une véritable communauté de talents à qui nous offrons l’opportunité de s’amuser dans un environnement qu’ils n’ont pas souvent l’occasion de parcourir. C’est ce qui a fait le succès de «LOL : Qui rit, sort !» (Endemol France) dès la première saison. Quand une production est bien réalisée et encadrée, tout le monde y trouve son compte. En plus de la saison 5 prévue pour 2025, nous développons la franchise «LOL» avec plusieurs spin-offs : «LOL : qui (c)rie, sort !» lancé l’année dernière et «LOL : IRL» (In Real Life), dont nous dévoilerons les contours lors du MIPCOM. Cette saison, nous lançons également «Liars Club», une création française Endemol France où cinq binômes s’affrontent dans un jeu consistant à raconter des histoires incroyables (ou pas). Leur objectif : convaincre les autres qu’ils disent la vérité. Ce format donne à des personnalités comme Kad Merad et Olivier Baroux, Ahmed Sylla et Hakim Jemili, ou encore Melha Bedia et Oulaya Amamra, l’occasion de s’amuser et de divertir le public. C’est ce que nous appelons le « Light Entertainment ». 

Après avoir remis au goût du jour des formats existants comme «Popstars», prenez-vous le virage de la création française ?

Nous restons toujours attentifs aux formats internationaux. «Popstars», c’était un peu un «outlier» très lié à son genre musical. Un format très compatible avec le streaming. En France, nos équipes regorgent d’idées, mais nous nous inspirons aussi des concepts développés ailleurs. Par exemple, les équipes japonaises de Prime Video travaillent sur des formats intéressants qui peuvent nous inspirer. Nous suivons de près un excellent format au Japon appelé «Love Transit».

Quel est votre angle d’attaque sur les séries ?

Nous avons voulu expérimenter différentes approches et commençons à comprendre ce qui fonctionne bien chez nous. Par exemple, «Ourika» a été un succès, ce qui nous incite à explorer davantage le genre action-thriller. Cela dit, nous avons également une offre de films dans ce domaine, donc il est essentiel de rester complémentaires. Nous apprécions particulièrement les comédies très incarnées, ainsi que les dramas inspirés par des anthologies de la pop culture, comme celui que nous préparons sur les 2 Be 3, produit par P33 Studio (Program 33). C’est un projet assez atypique. Par ailleurs, nous avons une nouvelle ambition d’explorer la New Romance, un genre qui nous attire beaucoup.

Et un programme en direct ?

Nous avons été pionniers en 2021 avec «Love Island», qui était tourné en flux tendu. Cependant, après seulement 15 jours de tournage, la production a été interrompue à cause de la Covid. Mais sur le direct, ce n’est pas à l’ordre du jour, il faut trouver le bon format.