Interrogée la semaine dernière dans le cadre du Festival de Télévision de Monte-Carlo, la productrice britannique Sue VERTUE, à qui l’on doit notamment la série «Sherlock» ou encore «Mr. Bean», revient sur son métier de productrice et évoque son travail ainsi que ses relations avec la BBC.
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Le succès de «Sherlock» traduit plus globalement l’émergence des séries britanniques dans le monde. Comment l’analysez-vous ?
Sue VERTUE
La production télévisuelle britannique réussit à faire de bonnes choses en termes d’écriture et de distribution. Ce sont deux critères essentiels à la réussite d’un projet. Nous produisons une série comme si nous fabriquions un film. Je pense sincèrement que la production anglaise dispose d’une liberté scénaristique beaucoup plus grande que celle de certains de nos confrères étrangers. Nous avons aussi la chance de ne pas avoir d’ingérence de la part des chaînes. C’est important pour notre développement. Chez nous, un épisode de «Sherlock» est facturé un peu moins de 2 millions d’euros. Concernant la saison 4 actuellement en développement, nous sommes en attente. Nous tentons de faire coïncider les plannings de chacun, et de laisser aux scénaristes le temps au temps.
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Lorsque vous avez commencé à produire «Sherlock», quel était le pari initial ?
Sue VERTUE
Le créateur de la série, Steven Moffat est tellement fan de l’histoire originale de Sherlock Holmes, qu’il lui a paru tout-à-fait naturel de produire une version moderne de ce personnage. En débutant l’aventure, nous ne savions pas que la série rencontrerait autant de succès. Elle a été vendue dans près de 200 territoires. Si nous savions qu’autant de téléspectateurs la regarderaient dans le monde, nous aurions certainement été horrifiés. Il est également assez impressionnant d’observer l’implication et la créativité des fans. Elle plait aussi bien aux lecteurs de Sherlock Holmes, qu’à ceux qui n’ont pas lu les livres.
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Quelle est l’implication de BBC One dans le processus créatif de la série ?
Sue VERTUE
Nous entretenons de très bonnes relations avec la BBC. Ce sont des diffuseurs qui ont toujours été bienveillants à notre égard sans être interventionnistes. Jamais ils n’oseraient nous faire réécrire des épisodes. La confiance règne. Lorsque nous leur avions envoyé les derniers scripts, nous n’avions reçu aucune note de leur part. Parfois, il nous arrive même de leur demander de réagir à certains éléments de la série.
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Productrice de la série «Mr.Bean» de 1991 à 1995, quelle anecdote pouvez-vous nous révéler ?
Sue VERTUE
C’était il y a si longtemps ! J’en garde un très bon souvenir. Travailler avec Rowan Atkinson a été une aventure très enrichissante. Il faisait lui-même les effets sonores. A l’époque, nous avions des méthodes de production quelque peu artisanales. Lors de l’épisode de Noël, trois techniciens devaient se synchroniser – avec des talkies-walkies – pour éteindre simultanément les illuminations chez Harrods. C’était assez amusant. Aujourd’hui, tout se ferait évidemment en post-production.