«Squid Game» : les personnages inspirés de la vie de son réalisateur

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La plupart des personnages de la série phénomène sud-coréenne «Squid Game» sont inspirés de la vie de son réalisateur Hwang Dong-hyuk qui, à travers eux, a souhaité dénoncer les dérives du capitalisme, rencontrant un écho planétaire. «Squid Game» met en scène des centaines de personnages issus des franges les plus marginalisées de Corée du Sud, participant à des jeux traditionnels, auxquels il jouait enfant.Les gagnants peuvent remporter 33 millions d’euros, les perdants sont tués. A l’image de Sang-woo, un banquier d’affaires en difficulté dans «Squid Game», M. Hwang est diplômé de la prestigieuse Séoul National University (SNU) mais a connu des problèmes financiers. Comme Gi-hun, un employé licencié et joueur invétéré, le cinéaste a été élevé par une mère veuve, vivant dans la pauvreté dans un logement situé en partie en sous-sol comme celui dépeint dans «Parasite», la satire corrosive oscarisée de Bong Joon-ho. «La société coréenne est très compétitive. J’ai eu la chance de m’en sortir et d’intégrer une bonne université» estime Hwang Dong-hyuk. M. Hwang a étudié le journalisme à la SNU et militait dans le mouvement pro-démocratie. Le personnage principal de la série, Gi-hun, porte le nom de l’un de ses compagnons de lutte. «Je ne savais pas quoi faire dans le monde réel», se souvient M. Hwang. En empruntant la caméra de sa mère, il dit avoir «découvert la joie de filmer quelque chose et de le projeter, et cela a changé ma vie». Son 1er long métrage, «My Father» (2007), était basé sur l’histoire vraie d’Aaron Bates, un enfant adopté à la recherche de son père biologique. En 2011, son drame «Silenced» – inspiré d’une affaire d’abus sexuels impliquant des enfants handicapés – a connu un succès commercial, tout comme sa comédie de 2014 «Miss Granny», en partie inspirée par sa mère célibataire. Trois ans plus tard, il sort le drame «La Forteresse», salué par la critique, qui évoque un roi de Corée du XVIIe siècle, assiégé lors d’une invasion chinoise. «Squid Game» fait référence à plusieurs traumatismes collectifs qui ont modelé les mentalités sud-coréennes d’aujourd’hui, comme la crise financière asiatique de 1997 ou les licenciements de Ssangyong Motor en 2009, deux événements qui ont mené à des suicides. «En faisant référence aux licenciements de SsangYong Motor, je voulais montrer que n’importe quel individu de la classe moyenne, dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui, peut tomber au bas de l’échelle économique du jour au lendemain», explique Hwang Dong-hyuk. Pour Jason Bechervaise, professeur à la Korea Soongsil Cyber University, ce «cinéaste établi et reconnu depuis plus de 10 ans traite des problèmes de société» tout en «trouvant des moyens de divertir son public». «M. Hwang fait partie d’un système capitaliste et le succès de ses séries signifie qu’il bénéficie de ce système, mais cela ne veut pas dire qu’il ne lutte pas contre la nature même de ce système», ajoute-t-il. Areum Jeong, spécialiste du cinéma coréen au Pittsburgh College de l’Université du Sichuan en Chine, souligne que M. Hwang soulevait des débats de société avant même l’arrivée de la série sur Netflix. «Silenced» abordait ainsi «l’injustice, la corruption morale, les problèmes non résolus du système judiciaire coréen, et a finalement motivé les téléspectateurs à demander une réforme législative», souligne-t-elle. M. Hwang a écrit «Squid Game» il y a une dizaine d’années, mais les investisseurs se montraient réticents et ceux qui avaient lu le scénario, dit-il, l’avaient jugé «trop absurde, bizarre et irréaliste». Mais l’essor des plateformes de streaming lui a offert de nouvelles perspectives, même s’il n’avait jamais imaginé devenir un «tel phénomène mondial». Depuis le début de sa diffusion sur Netflix, il y a un mois, le drame dystopique a déjà été vu par quelque 111 millions d’abonnés, un record.