Splunk, une compagnie américaine proposant des solutions de gestion des données, va arrêter de vendre ses logiciels en Russie dans un contexte de tensions après l’arrestation d’un important investisseur américain à Moscou.
«Nous avons décidé que Splunk ne vendrait plus de logiciels et de services aux entreprises en Russie», a annoncé le groupe coté à la Bourse de New York dans un communiqué.
«Splunk évalue constamment où investir et où concentrer ses ressources dans le monde», a indiqué le groupe, qui précise que «nos décisions sont prises pour obtenir le meilleur retour sur investissement pour l’entreprise et pour garantir le succès de nos clients».
Fondé en 2003 et basé à San Francisco, Splunk dispose de bureaux dans plus d’une dizaine de pays. Selon l’agence russe Interfax, Splunk comptait environ 200 entreprises clientes en Russie dont la première banque russe Sberbank, le géant internet Yandex ou encore le groupe bancaire Alfa Bank.
Splunk n’a pas indiqué pourquoi il cessait ses activités en Russie mais cette annonce survient dans un climat particulièrement tendu pour les entreprises occidentales en Russie. Soupçonnés de fraude, l’Américain Michael Calvey, créateur et directeur du très respecté fonds d’investissement Baring Vostok, ainsi que quatre autres employés du fonds dont le Français Philippe Delpal, ont été placés en détention provisoire samedi.
Tous clament leur innocence et se disent victimes de représailles à la suite d’un conflit entre actionnaires.Les milieux d’affaires en Russie se disent inquiets pour leurs activités et redoutent des conséquences désastreuses sur les financements étrangers.
Lundi soir, l’ex-ministre des Finances Alexeï Koudrine a qualifié cette situation d’»état d’urgence pour l’économie».
«Lorsque les gens investissent dans des marchés émergents tels que la Russie, ils sous-estiment considérablement l’impact de l’absence d’un Etat de droit et de droits de propriété», a commenté sur Twitter Bill Browder, patron d’un fonds d’investissement et condamné par contumace en 2013 en Russie à neuf ans de prison pour fraude fiscale.
«S’ils peuvent arrêter Calvey, ils n’ont peur d’arrêter personne. Pour mes amis américains qui font toujours des affaires en Russie, il est temps de rentrer à la maison», a pour sa part déclaré sur Twitter Michael McFaul, ambassadeur des Etats-Unis en Russie de 2010 à 2014.