Une interview radio de l’ambassadeur des Etats-Unis en Sierra Leone, dont la diffusion n’a pu se faire mercredi comme prévu, a été finalement émise jeudi dernier, selon la direction de la radio qui s’est excusée à l’antenne de ne pas avoir fait réagir le gouvernement sur certains points de l’entretien.
L’ambassadeur américain David Reimer fait part dans cet entretien accordé à la Radio Démocratie 98.1 (privée), enregistré mardi dernier pour être diffusé mercredi matin, des «préoccupations» des Etats-Unis sur les élections du 24 juin, remportées par le parti au pouvoir selon les résultats officiels contestés par l’opposition.
La radio a été arrêtée mercredi temporairement à l’heure de la diffusion de l’interview, qui a aussi coïncidé avec une coupure d’électricité. Le ministre de l’Information Chernor Bah s’est déplacé à la radio mercredi matin et a réclamé le droit de réagir aux déclarations de l’ambassadeur Reimer, a expliqué un employé de la station sous le couvert de l’anonymat.
M. Bah a nié jeudi toute interférence sur le programme de la radio et affirmé n’avoir pas le pouvoir de couper l’électricité, dans un entretien distinct sur la même chaîne.
Le chef de la radio, Michal Kakpindi Jamiru, a, jeudi, «présenté les excuses» de la station aux autorités auxquelles il a garanti prochainement de «prendre les mesures appropriées». L’ambassadeur Reimer soulève dans l’interview «des questions sur la crédibilité des résultats» des élections de juin.
Il a appelé à «une enquête extérieure indépendante» sur ces élections et à un dialogue entre le gouvernement, les partis politiques et la société civile.
M. Reimer a aussi annoncé que l’aide accordée à la Sierra Leone par l’agence de développement américaine Millennium Challenge Corporation (MCC) allait être rééxaminée, sans présager d’une décision.
Pour le ministre Bah, le MCC, un instrument de l’aide américaine, est «basé sur un partenariat et des valeurs partagées et non sur la position d’un ambassadeur. Ce n’est pas la colonisation», a-t-il dit.
Le président sierra-léonais Julius Maada Bio, réélu fin juin pour un second mandat, a annoncé début août la création d’un comité comprenant des membres du gouvernement, de la société civile et des agences de développement pour examiner la gestion du processus électoral et formuler des recommandations.