« Side by side », un documentaire de Keanu Reeves sur la « révolution numérique »

384

L’acteur Keanu Reeves, en visite éclair à Paris pour présenter au public français «Side by side», documentaire sur l’avènement numérique dans l’industrie du cinéma, confie sa fascination pour cette «évolution/révolution». Dans «Side by side» (1h38), qui sera diffusé pour la première fois sur une chaîne française (OCS) le 16 mai, la star canadienne («Point break», «My Own Private Idaho», «Dracula») a enquêté au coeur de l’industrie hollywoodienne en 2012. De grands réalisateurs dont Martin Scorsese, George Lucas, le pionnier du cinéma numérique, ou Steven Soderbergh, lui confient leur rapport à cette technologie. En 2011, la transition au «tout numérique» lui est apparue inéluctable alors qu’il travaillait à la post-production de «Henry’s crime» de Malcolm Venville. «J’avais sous les yeux une image numérique et une image argentique, côte-à-côte (side by side) et je me souviens avoir soudain pensé: «Oh mon dieu, c’est la fin de la pellicule !». Le numérique était encore «l’exception», souligne-t-il, «mais aujourd’hui la vapeur s’est totalement inversée, la pellicule est désormais exceptionnelle, nous vivons dans une nouvelle ère». Le documentaire, réalisé par Christopher Kenneally et que l’acteur a produit, aborde l’impact du numérique sur tous les métiers du cinéma mais aussi sur le public. Keanu Reeves évoque la multitude de questions soulevées par cette technologie. La portée du numérique va bien au-delà de la façon dont le cinéma raconte une histoire, insiste celui qui a incarné Neo dans «The Matrix», cultissime «cyberfilm». La technologie permet même de ressentir l’histoire comme si on y était, poursuit-il, «elle modifie la façon dont on existe». «Ce qui se passe aujourd’hui est absolument fascinant, la révolution de la réalité virtuelle est en marche ! Et cela va être incroyable !», s’enflamme de sa voix grave le comédien de 52 ans, tout de noir vêtu. «Les frontières du réel disparaissent, nous fabriquons notre propre fiction, quand nous nous racontons en ligne, nous mettons sans arrêt nos vies en scène», rappelle la star. Comme sur Facebook ou Twitter, «nous cherchons à capturer l’instant dans l’instant, nous n’y résistons pas».Il est convaincu que la réalité virtuelle produit un impact «biologique» semblable à l’expérience véritable. «L’IRM du cerveau ne révèlerait probablement aucune différence que l’on tombe amoureux lors d’une expérience de réalité virtuelle ou en vrai». Intarissable, il creuse avec enthousiasme ce sujet qu’il «adore» et exclut en revanche de produire la suite de son enquête, préférant «laisser la main à la nouvelle génération».  Acteur, producteur, Keanu Reeves a réalisé en numérique «Man of Tai Chi» en 2013, son 1er film dans lequel il s’était lui-même mis en scène. Il souhaitait le tourner en pellicule, mais son producteur a répliqué : «Trop cher!». Il sourit en haussant les épaules. Il déclare avoir «très envie» d’en réaliser un 2ème, admettant ne «pas avoir encore la bonne histoire à raconter». En revanche, il joue «un petit rôle», dit-il, dans «The Neon Demon» du Danois Nicolas Winding Refn qui figure dans la sélection officielle du 69e Festival de Cannes attendue jeudi.  «Je viens de terminer la suite de «John Wick», sorti il y a deux ans, cela m’enchante ! Il devrait sortir au début de l’an prochain», ajoute-t-il, «et je joue aussi dans «The Whole Truth» de Courtney Hunt. L’acteur voit d’un très bon oeil, le renouveau des séries TV. «J’en tourne une actuellement, adaptée des romans de Barry Eisler, intitulée «John Rain», et aussi «New Angeles» une création originale qui traite justement de réalité virtuelle».