Sidaction: lancement ce jeudi soir

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Les leçons tirées de la lutte contre le sida doivent également servir contre le Covid-19, assurent les responsables de Sidaction, qui a lieu de jeudi soir à dimanche pour remettre en lumière le fléau du VIH, passé au second plan depuis un an. Historiquement, la lutte contre le sida est marquée «à la fois par une capacité des associations de terrain à aller vers les personnes les plus touchées, et par le fait qu’associations, médecins et chercheurs travaillent ensemble», explique la directrice générale de Sidaction, Florence Thune. 

«On sait à quel point ça a fait progresser la lutte contre le sida, or, on n’a manifestement pas su le faire contre la Covid», poursuit-elle avant le début de cet événement caritatif soutenu par les télévisions et les radios. L’un des enjeux est, selon elle, une meilleure information du public, par exemple sur la prévention ou la transmission du virus, dans laquelle les acteurs de terrain ont un rôle crucial à jouer: «parfois, les informations sur la Covid sont là mais ne sont pas bien transmises, pas communiquées aux bonnes personnes, ou ont besoin d’être adaptées». «Surtout, on a appris avec le VIH que ça ne servait pas à grand chose de faire peur, d’agiter les amendes et les contrôles, mais que les personnes arrivaient à prendre les mesures de précaution quand elles les comprenaient», ajoute Florence Thune. L’an dernier, le week-end de collecte prévu en avril avait été annulé à cause du confinement. A la place, une soirée avait été retransmise par France 2 en juin. Cette année, le lancement aura lieu jeudi soir avec la diffusion d’un clip sur les 31 médias partenaires, qui relaieront des appels aux dons tout le week-end. Ils peuvent être faits par téléphone (110, appel gratuit) ou internet (www.sidaction.org). En outre, une soirée intitulée «Merci Line» sera diffusée samedi sur France 2 en hommage à Line Renaud, qui reste à 92 ans l’inamovible vice-présidente de Sidaction, association créée en 1994. Sa présidente est la chercheuse Françoise Barré-Sinoussi, codécouvreuse du virus du sida au début des années 80 et prix Nobel de médecine 2008. 

Depuis l’été dernier, le couturier Jean Paul Gaultier est l’ambassadeur de l’association. «Habituellement on collecte environ 4,5 millions d’euros, mais on sait que la situation économique des Français est compliquée», assure Florence Thune. L’essentiel est de «sensibiliser à la question du VIH, en rappelant que l’épidémie est toujours là et qu’il y a un risque de la voir regagner du terrain» à cause des obstacles créés par la pandémie de Covid. «Le principal impact est sur le retard pris dans l’accès au dépistage. En France, en octobre, on avait 650.000 tests en moins que ce qui était prévu à ce stade, et certains pays ont eu jusqu’à 50% de dépistages en moins», déplore la militante. «Moins de dépistage, ça veut dire des personnes qui ne connaissent pas leur statut, dont l’état de santé va se dégrader et qui vont peut-être continuer à transmettre le VIH. D’où nos inquiétudes de reprise de l’épidémie», ajoute-t-elle. 

Une perspective d’autant plus préoccupante qu’«avant même la crise sanitaire de la Covid, les chiffres n’étaient déjà pas satisfaisants». Selon le dernier rapport de l’Onusida, 38 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH et plus de 12 millions de personnes attendent un traitement, qui sauve aujourd’hui la vie. En 2019, 1,7 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH et 690.000 personnes sont mortes de maladies liées au sida.