SFR rate ses débuts dans la diffusion de matchs de la Ligue des Champions

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Affecté par des déboires techniques, SFR a raté l’occasion de faire bonne impression pour ses débuts dans la diffusion de matchs de la Ligue des Champions dont l’opérateur de télécommunications s’est assuré les droits à prix d’or, posant la question de sa préparation à un tel enjeu. Pour le groupe (filiale d’Altice), qui a fait le pari de la convergence entre télécoms et médias, la réussite de son offre sport représente un défi tout particulier, compte tenu des investissements consentis pour s’emparer des droits, en particulier des coupes européennes de football: 370 millions d’euros par saison entre 2018 et 2021, plus de 2 fois le montant dépensé par BeIn Sports et Canal+ réunis sur la période précédente. La soirée s’annonçait d’ailleurs sous les meilleurs auspices pour SFR, qui avait annoncé, quelques heures avant le coup d’envoi de la compétition, avoir trouvé un accord de distribution avec le groupe Canal+, pour les clients CanalSat, le premier signé. «C’est un accord qui a beaucoup de potentiel pour nous car ce sont plusieurs millions d’abonnés Canal Satellite qui sont concernés et peuvent, dès ce soir, s’abonner à RMC Sport», s’était alors enthousiasmé le PDG de SFR, Alain Weill. Pour les abonnés CanalSat, comme ceux de SFR, la soirée football a pu se dérouler sans difficulté mais sur la plateforme numérique (ou OTT) de RMC Sport, qui permet de regarder les chaînes sur ordinateur, tablette ou smartphone, les choses ont été nettement plus compliquées. Face à l’afflux de connexions, les serveurs de l’opérateur n’ont pas réussi à offrir à tous les nouveaux abonnés le spectacle espéré. Résultat: une image figée pour certains, une connexion tout simplement impossible pour d’autres. Dans un communiqué mercredi, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir a rappelé que «la spécificité du mode de diffusion de cette offre pose de sérieuses questions quant à la qualité effective des vidéos» et demandé un remboursement du mois pour tous les abonnés en faisant la demande. Le groupe, en présentant ses «excuses» dès mardi soir, avait déjà promis que «le 1er mois d’abonnement sera(it) offert à tous les clients» affectés. Son concurrent BeIn Sports avait également connu des difficultés techniques lors de son lancement, en 2012. Certains établissaient également un lien entre les difficultés techniques de l’opérateur et son récent plan de départs volontaires, qui lui a permis de réduire de près d’un tiers ses effectifs. «Nous avons été dépassés par le succès hier, nous avons réalisé près de 200.000 abonnements dans la journée d’hier, c’est du jamais vu pour un opérateur de réaliser autant d’abonnements en quelques heures», a expliqué mercredi matin Alain Weill sur France Inter. Car si les déboires de la plateforme OTT ont fait du bruit sur les réseaux sociaux, ils démontrent que l’offre a trouvé un public et soulignent les évolutions des modes de consommation des programmes tv. «Il y a eu cet épiphénomène avant tout parce que ce type de consommation est désormais largement adopté. C’est aussi un indicateur sur les tendances chez les consommateurs, avec l’adoption de l’OTT d’une part, l’acceptation de l’offre fragmentée de l’autre», souligne Vincent Chaudel, spécialiste de l’économie du sport pour le cabinet Wavestone. Il s’agissait en effet d’une des principales interrogations, alors que les amateurs de football doivent désormais s’abonner à RMC Sport, BeIn Sports et Canal+ s’ils veulent suivre leurs équipes favorites sur tous les fronts, en attendant l’arrivée de Mediapro sur la Ligue 1 à partir de 2020. «Avant, les spectateurs mettaient 50 euros pour un bouquet de chaînes dont ils ne regardaient qu’une petite partie. Désormais, ils peuvent dépenser cette somme sur des chaînes qu’ils vont réellement regarder», ajoute M. Chaudel. Une évolution de la consommation qui pourrait aider SFR à réussir son pari sportif, c’est au moins la bonne nouvelle que pourra retenir l’opérateur de ses difficultés techniques de sa 1ère soirée de Ligue des Champions.