Le bénéfice opérationnel de Samsung Electronics a chuté de 31,39% au 3ème trimestre 2022 sur un an, à la suite du ralentissement économique mondial qui a enrayé la demande d’électronique grand public, a annoncé jeudi le groupe sud-coréen qui subit ainsi sa 1ère baisse en trois ans. Les bénéfices de sa branche cruciale des puces mémoire ont également baissé, a indiqué la société dans un communiqué, ajoutant que «la demande de produits de consommation est restée faible». Le bénéfice opérationnel entre juillet et septembre 2022 est passé à 10.000 milliards de wons (7 milliards d’euros environ) contre 15.800 milliards sur la même période l’année dernière, selon l’entreprise. Ces résultats ont été publiés le jour où le groupe a annoncé que son leader de facto Lee Jae-yong, condamné pour corruption et détournement de fonds et grâcié en août par le président, serait promu président de Samsung Electronics. «Notre survie dépend des technologies futures», a déclaré M. Lee dans un message posté sur le forum interne de l’entreprise après l’annonce de cette promotion, a rapporté l’agence de presse Yonhap. «Nous pouvons transformer cette crise en opportunité». C’est la 1ère fois en trois ans que le leader mondial de la production de smartphones enregistre une chute de son bénéfice. Le géant de l’électronique a cependant constaté une hausse de ses ventes. Elles ont augmenté de 3,79% au 3T par rapport à l’année dernière sur la même période, pour atteindre 76.000 milliards de wons.Samsung Electronics est le fleuron du groupe Samsung, qui est de loin le plus grand des conglomérats familiaux – les «chaebols» – qui dominent la 12ème économie au monde. Le c.a. du groupe dans son ensemble équivaut à un cinquième du PIB de la Corée du Sud, et il s’agit donc d’un acteur économique essentiel pour le pays. Jusqu’au 2T de cette année, Samsung, tout comme les autres entreprises du secteur des technologies, a largement bénéficié de la forte demande d’appareils électroniques – ainsi que des puces qui les alimentent -au cours de la pandémie de Covid-19. Mais l’économie mondiale est désormais confrontée à de multiples défis, notamment une inflation galopante, des taux d’intérêt en hausse et la menace d’une crise de la dette à grande échelle.La situation s’est détériorée avec la guerre en Ukraine, qui a entraîné une flambée des prix de l’énergie et une hausse des tarifs des produits alimentaires, mais aussi en raison de la stricte politique zéro Covid de la Chine. «En 2023, la demande devrait se redresser», a nuancé Samsung Electronics, soulignant toutefois que «les incertitudes macroéconomiques» seront sans doute encore présentes. Même tendance pour les puces mémoires, selon l’entreprise qui table sur un rebond de la demande, notamment «avec la reprise des installations de centres de données».Mais Samsung va sûrement devoir «se concentrer sur l’ajustement de son offre plutôt que de compter sur une reprise de la demande dans un avenir proche», a détaillé Park Sung-soon, analyste à Cape Investment & Securities, qui dit ne pas s’attendre à un redressement de la demande avant la 2ème moitié de 2023.Malgré ces perspectives, l’entreprise s’en est plutôt bien sortie, a-t-il fait valoir. Elle a par exemple bénéficié de la force du dollar américain par rapport au won coréen, «ce qui a entraîné un gain d’environ 1.000 milliards de wons en bénéfice d’exploitation à l’échelle de l’entreprise par rapport au trimestre précédent». La plupart des puces électroniques les plus performantes au monde sont fabriquées par deux entreprises, Samsung et TSMC (Taïwan), qui tournent toutes deux à plein régime pour pallier une pénurie mondiale. Et s’approvisionner en puces électronique est désormais une question géopolitique mondiale, comme l’a montré la visite du président américain Joe Biden en Corée du Sud en mai.