Avec des marques-programmes fortement identifiées, RMC Story et RMC Découverte voient leur performance s’étendre de J+1 à J+7 dans une logique de plateformisation des contenus. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : 40 millions de Français se branchent chaque mois sur RMC Story et RMC Découverte, 13 millions sur RMC BFM Play, sans oublier les 400 millions de vidéos visionnées sur leurs réseaux sociaux. Comment évolue la stratégie ? Nous avons posé la question à Stéphane SALLÉ DE CHOU, Directeur Général du Pôle Entertainment d’Altice Media (RMC Story – RMC Découverte – RMC BFM Play).
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RMC Découverte et RMC Story ont connu une saison record. Quelle stratégie menez-vous actuellement ?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
Nous ne pouvons pas nous contenter du statu quo ; cette saison, nous devons faire encore mieux. La plupart des groupes audiovisuels parlent de «plateformisation des contenus» et je crois fermement à ce positionnement. Chez Altice Média, notre maître-mot est le suivant : le contenu est roi et la plateforme de diffusion est reine. Des programmes qui fonctionnent uniquement sur le linéaire, ça ne suffit plus. Nous recherchons des contenus offrant du replay, du preview, et ayant un impact significatif sur les réseaux sociaux. Dans le cas contraire, nous les mettrons de côté. «Top Gear France» est l’illustration parfaite de cette stratégie. Il s’agit d’une marque très importante pour RMC Découverte et il a fallu réveiller le désir et la curiosité du public pour sa 9ème saison. C’est pourquoi nous nous sommes associés à Vilebrequin, des stars de YouTube spécialisées dans l’automobile, fortes de 2,4 millions d’abonnés.
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Comment voyez-vous l’avenir de la télévision traditionnelle à l’ère du streaming ?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
Le cœur du réacteur, ça reste la marque-programme. Il y a 12 ans, quand vous diffusiez «Top Gear», le tuyau linéaire était suffisant. Au fil des saisons, le replay s’est ajouté, permettant d’atteindre 100% de la cible. A ce jour, il faut aller encore plus loin. Pour autant, si nous n’avions pas l’empreinte linéaire, la marque-programme serait perdue dans l’océan des contenus entre YouTube, la SVOD, l’AVOD et le linéaire. Pour preuve, 70% de l’audience de «Top Mecanic» (diffusé en avant soirée sur RMC Découverte), se fait en linéaire. Tout le reste est complété par le replay et les réseaux sociaux.
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Comment mesurez-vous l’engagement des téléspectateurs ?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
La mesure de l’engagement des téléspectateurs ne se limite plus aux chiffres de l’audience traditionnelle. Prenons l’exemple de notre émission sur RMC Story, «Brisons les tabous» avec Lorie Pester. Elle n’a pas réalisé l’audience escomptée en diffusion linéaire. Mais si je raisonne en «reach» à J+1, J+7 avec la conversation générée en amont, pendant, après la diffusion sur les réseaux sociaux et en communication, c’est un succès. Est-ce que cela signifie que nous allons reconduire le programme ? C’est encore en discussion. Mais il est essentiel de prendre en compte l’ensemble des facteurs pour évaluer véritablement l’impact d’une émission et sa pertinence pour notre média.
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Comment évoluent les positionnements de vos chaînes ?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
RMC Story, RMC Découverte et RMC BFM Play sont trois médias positionnés sur le réel. Le Pôle Entertainment d’Altice Media aspire à être le leader en matière de contenus basés sur les narrations du réel. RMC Découverte l’explore de manière spectaculaire et XXL. RMC Story raconte le réel de manière beaucoup plus terre à terre et quotidienne. La popularité des émissions de RMC diffusées de 6h à 15h, du lundi au vendredi, a propulsé RMC Story en tête des audiences de la TNT, et souvent sur le podium des meilleures chaînes nationales. Il n’y a pas plus ancré dans le réel que Charles Magnien, Apolline de Malherbe, «Les Grandes Gueules» et Estelle Denis. Nous nous sommes donc inspirés de leur positionnement pour reproduire ce succès en Prime Time. On va donc investir des thématiques liées au pouvoir d’achat, à l’habitat, à l’immobilier de luxe avec «French Riviera» qui arrive prochainement ou au divertissement avec des immersions chez LEGO, Disneyland Paris ou au Parc Astérix. Sur RMC Story, on veut être beaucoup plus serviciel et faire rêver.
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Comment «Le meilleur tatoueur», la première production quotidienne en Access pour RMC Story, a-t-elle été pensée ?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
Avec notre position sur le canal 23, nous cherchions à nous démarquer et à ne surtout pas faire comme tout le monde. A ce jour, il n’existe aucun magazine de tatouage en production française décliné du lundi au vendredi qui va élire «Le meilleur tatoueur» de France. Le simple principe de dire «ça n’existe pas» est un bon point de départ pour sortir du lot. À noter que nous diffusons déjà avec succès une version américaine, «Ink Master» en avant-soirée. Donc, on peut raisonnablement imaginé qu’une production française avec des talents français devrait a minima faire autant, voire plus que «Inc Master». Le tournage du «Meilleur tatoueur» débutera en octobre pour une diffusion au 1er semestre 2024 sur plusieurs semaines.
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Comment RMC Découverte choisit-elle les sujets de ses documentaires ?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
La moyenne d’âge de ceux qui regardent du documentaire en télévision est de 65 ans. Notre objectif est d’attirer un public plus jeune, notamment ceux âgés de moins de 50 ans. Pour y parvenir, je suis certain qu’en diffusant par exemple en octobre un documentaire de 90’ sur Thomas Pesquet, puis un autre de 70’ sur Franky Zapata, l’inventeur du Flyboard, ça va intéresser les moins de 50 ans, les moins de 35 ans. En boostant les contenus sur les différentes plateformes, nous espérons augmenter nos points de contacts et toucher un public plus large.
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Pouvez-vous donner un aperçu des types de contenus exclusifs que les abonnés peuvent attendre de RMC BFM Play à l’avenir ?
STÉPHANE SALLÉ DE CHOU
On cherche à proposer des univers singuliers (moteur, mécanique, aventure, construction, faits divers, mystères, docu-réalité) qui s’adressent à des communautés hyper engagées. On est déjà très repérés par la communauté «moteur-mécanique». C’est pourquoi on va lancer en 2024 des contenus incarnés adaptés au digital, soit en création (qui n’a pas de lien avec une marque linéaire), soit ce que l’on appelle un «companion show», un spin-off d’une marque linéaire.