S. MOATI : «J’observe une baisse drastique de la production de fictions unitaires»

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Serge MOATI, Producteur et Président du Festival des Créations Télévisuelles de Luchon

Du 1er au 5 février 2016 se tiendra la 19ème édition du festival de Créations Télévisuelles de Luchon. A l’issue d’un point de presse organisé hier matin, média+ s’est entretenu avec Serge MOATI, Producteur et Président du Festival des Créations Télévisuelles de Luchon. Il nous détaille les enjeux du rendez-vous.

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Quelle est la vocation du Festival de Créations Télévisuelles de Luchon ?

Serge MOATI

Notre ambition est de mettre en lumière le meilleur de la création à la télévision. Il s’agit de la grande fête du petit écran. Avec 21.000 entrées lors de la dernière édition, la fréquentation est en augmentation constante depuis plusieurs années. Toute une population est mobilisée pour ce rendez-vous dans les Pyrénées. L’idée est de faire un Festival absolument indépendant des chaînes de télévision et des pouvoirs régionaux. Les comités de sélection et les jurys sont autonomes dans leurs décisions. De plus, aucune participation financière n’est demandée aux diffuseurs. Cette indépendance contribue à l’image et à la reconnaissance du Festival de Luchon par la profession devenue aujourd’hui une vitrine reconnue de la télévision. Durant les cinq jours du Festival, l’ensemble de la profession se retrouve dans une atmosphère ludique et conviviale.

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La création télévisuelle est-elle selon vous plus qualitative en 2017 qu’il y a 10 ans ?

Serge MOATI

Disons qu’il y a des pépites, mais je ne dirais pas que c’est un mouvement de fonds. Ces dernières années, nous avons observé une réduction de la production audiovisuelle. Pourtant, la fiction demeure le genre préféré des Français. France Télévisions représente aujourd’hui 50% des investissements dans la création française et va amplifier sa mission en portant, dès 2017, ses engagements d’investissements dans la création, à 420 millions d’euros par an. Quand un pays est en crise, il a besoin de culture. Après des années d’absence, M6 se lance aussi dans la fiction.

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Parmi les fictions sélectionnées, quelles tendances percevez-vous ?

Serge MOATI

J’observe une baisse drastique de la production de fictions unitaires. Je ne comprends pas pourquoi les séries conservent une telle faveur. Même si elles peuvent assurer une fidélité sur plusieurs épisodes, une œuvre de mauvaise facture vous assure aussi la désaffection du public. Ceux qui sont à l’origine de ce mouvement sont les directeurs de programmes qui considèrent que la modernité en fiction se limite aux séries. La poussée de Netflix n’est pas anodine. Considérée longtemps comme la meilleure du monde, la fiction française doit reprendre sa place. Je travaille à la télé depuis 20 ans et j’en ai vu passer.

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Sur les documentaires, notez-vous une évolution ?

Serge MOATI

Parmi les films sélectionnés, on observe un retour en force des films historiques et sociétaux. Le documentaire, souvent considéré comme la crème de la crème de la télévision, bénéficie d’une liberté dans son approche. Les réalisateurs de documentaires s’imposent moins dans des codes que la fiction.

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Poursuivez-vous vos activités de producteurs ?

Serge MOATI

Par le biais de ma société, Belvédère Productions, je tourne actuellement un film sur la Présidentielle, «Ma dernière campagne» (90’), destinée à France 5. Je suis aussi en post-production d’un docu-fiction de 90’, «Sigmaringen, le dernier refuge» pour ARTE sur la fin du régime de Vichy. Il s’agit d’une histoire qui se passe dans un château au bord du Danube, où tout le gouvernement de Vichy se retrouve embarqué de force.