A l’approche d’Halloween, Mediawan Thematics fait frissonner les téléspectateurs à travers sa plateforme de streaming : Insomnia, spécialisée dans l’horreur. Au programme, une offre composée de titres inédits, ce qui fait d’elle, le leader dans le domaine du streaming d’horreur en France. Entretien avec Sonia LATOUI, Directrice générale adjointe en charge des contenus de Mediawan Thematics.
Comment positionnez-vous Insomnia face aux plateformes généralistes qui proposent aussi des films d’horreur, bien que moins spécialisés ?
Insomnia est la première offre 100% horreur qui propose les films les plus extrêmes du genre. La plateforme a été lancée fin 2021 dans le cadre de notre réflexion sur le renouvellement des offres thématiques. Lors de nos recherches et acquisitions sur les marchés de films, on a remarqué que de nombreux films d’horreur restaient inexploités – car difficiles à diffuser sur une chaîne traditionnelle. Pourtant, l’intérêt du public, surtout des jeunes générations, était bien présent, comme le montraient les succès au Box-Office. Nous avons donc décidé de nous lancer. On a commencé par acquérir 60 films inédits auprès de distributeurs américains pour créer une première base. Ensuite, nous avons affiné la programmation avec des blockbusters, des classiques et des œuvres en lien avec la sortie de franchises. Cette offre a pris son envol. Insomnia, initialement lancée sur Prime Video, est désormais disponible sur myCANAL, Free et depuis le 22 octobre dernier chez SFR. Notre distribution et notre image se construisent au fil du temps. D’où l’importance de bien communiquer.
Le public de l’horreur est souvent décrit comme segmenté et exigeant. Quelles actions spécifiques menez-vous pour fidéliser et engager cette communauté au-delà du contenu lui-même ?
D’emblée, nous avons soutenu le Festival international du film fantastique de Gérardmer, un événement incontournable. Insomnia est présent en tant que partenaire et fournit des films en compétition. Récemment, nous avons collaboré avec le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg. Nous menons également des opérations avec des projections de films animées par des Youtubeurs spécialisés. Nous repérons des créateurs de contenus pour accompagner la sortie de nos films. Pour célébrer Halloween, Insomnia met par exemple Stephen King à l’honneur. Les abonnés peuvent plonger dans l’univers du Maître de l’horreur avec une sélection de films cultes : «Carrie au bal du diable» de Brian De Palma, «Shining» de Stanley Kubrick, «Misery» de Rob Reiner, «Doctor Sleep» de Mike Flanagan et la série «Creepshow» de Greg Nicotero.
Quelle stratégie utilisez-vous pour acquérir des films d’horreur inédits et garantir une exclusivité sur votre plateforme ?
En règle générale, nous participons aux grands marchés de films : Cannes, Berlin, AFM. Nous visionnons les films et on intervient si possible en amont en lisant des scripts. Notre équipe éditoriale se prépare donc minutieusement à cette tâche. Ensuite, nous achetons les droits. Pour les œuvres inédites, nous optons souvent pour l’acquisition de tous les droits, couvrant ainsi l’ensemble du marché européen et francophone. Cela nous garantit une exclusivité totale pour leur diffusion sur notre plateforme. Concernant les films déjà existants, on acquiert des fenêtres de diffusion exclusives ou non, sur des périodes de 6 à 12 mois. Nous avons aussi un partenariat avec Shudder (AMC), l’équivalent d’Insomnia aux États-Unis. Ils produisent de nombreux films et partagent ainsi leurs projets, sur lesquels nous nous positionnons pour acheter les droits pour le marché français. Nous explorons également le marché asiatique, riche en films d’horreur, notamment taïwanais, thaïlandais et coréens. Nous avons acquis la série corénnee «Monstrous» chez CJ ENM, sélectionnée à Canneseries il y a deux ans. L’intérêt pour les séries de genre est grandissant.
L’horreur, un genre très communautaire ?
Les jeunes générations recherchent ces contenus. On l’observe déjà dans les salles de cinéma. Le public est en quête de sensations fortes. Si les productions US dominaient le marché, on voit émerger de véritables pépites venant d’Orient et d’Amérique Latine. Quant aux pays nordiques, bien qu’ils soient plus orientés vers le thriller que l’horreur, leur influence reste notable.
Le modèle économique d’Insomnia, avec un abonnement à 3,99€, semble compétitif. Comment parvenez-vous à maintenir la rentabilité avec un prix aussi attractif ?
«Savoir-faire», «expertise en acquisition» et «optimisation» sont nos maîtres-mots. En tant que groupe, nous avons la capacité d’acheter en volume, ce qui nous permet de négocier des prix avantageux. Les films inédits que nous proposons sont exclusifs à notre plateforme pendant les premières années. Par la suite, ils peuvent être distribués en deuxième fenêtre, générant ainsi des revenus supplémentaires, gérés par nos partenaires de Mediawan Rights, la filiale de distribution du Groupe. Nous cherchons à acheter à des prix très compétitifs, car il y a peu de concurrence sur ce marché.
Comment gérez-vous les éventuelles contraintes réglementaires et la classification des films ?
C’est en effet une contrainte puisque nous nous positionnons comme l’extrême de l’horreur – même si nous commençons à intégrer des contenus plus soft. Nos films sont souvent classés -16. Toutefois, en tant que plateforme, nous avons la flexibilité de gérer ces restrictions en mettant en place des avertissements clairs et des signaux pour bien informer les spectateurs.
Avec un renouvellement de 20% du catalogue chaque mois, comment garantissez-vous que les films les plus populaires ne soient pas retirés trop rapidement ?
Nous garantissons que les films populaires restent accessibles grâce à une stratégie réfléchie. Nous détenons les droits de nombreux films pour 10 ans, ce qui nous permet de les conserver longtemps. Pour les fenêtres de diffusion, elles durent généralement 12 mois, permettant aux utilisateurs de découvrir les films pleinement. Cela nous permet d’offrir une expérience riche et variée à notre public.