Acteur engagé pour la pluralité culturelle et l’accès à la culture pour tous, la Fnac a lancé fin mars «Fnac Édition sur Demande», une boutique en ligne disponible directement sur Fnac.com, qui propose des films qui ne sont aujourd’hui plus disponibles à la vente en France dans un format «physique». Explications avec Stéphane HENNINOT, Responsable Audio & Vidéo du Groupe Fnac-Darty.
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Qu’est-ce qui a motivé au lancement de Fnac Édition sur Demande ?
STÉPHANE HENNINOT
En 2021, nous avons travaillé sur «La Vidéothèque idéale : 120 ans de cinéma», un guide qui a référencé 2.000 films qu’il faut voir. Rapidement, on s’est retrouvé face à une problématique: près d’1/3 des films cités n’existent pas en format physique. Du côté des plateformes de streaming, il n’y avait que 18% des contenus proposés. Avec notre équipe, on s’est dit qu’il y avait quelque chose à faire. Fort de ce constat, nous sommes allés voir les fournisseurs pour imaginer un portail en ligne afin de proposer des projets d’éditions DVD, Blu-ray et/ou 4K à la demande des clients.
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Cela s’inscrit finalement dans la mission de la Fnac de rendre la culture accessible à tous ?
STÉPHANE HENNINOT
Notre but a toujours été de proposer le choix le plus large possible. Sur le même principe qu’une campagne de crowdfunding, les clients peuvent précommander sur la plateforme une sélection de films culte, en format inédits, éditions collectors, rééditions ou éditions spéciales et exclus Fnac afin que chacun puisse se constituer la vidéothèque de ses rêves. Un compteur indique le temps restant avant la fin de la campagne.
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Comment la Fnac sélectionne-t-elle les films proposés ?
STÉPHANE HENNINOT
C’est un travail que nous réalisons main dans la main avec les fournisseurs qui nous disent rapidement la disponibilité ou non des titres à rééditer. On regarde ensuite la pertinence de la réédition par rapport à l’œuvre et à son support. Certains films n’ont jamais été retravaillés en Blu-ray ou en 4K.
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Quels sont les critères pour qu’un film soit éligible à la liste des projets ?
STÉPHANE HENNINOT
C’est toujours très subjectif. Avec Fnac Édition sur Demande, l’enseigne souhaite donner une seconde vie à des films culte ou menacés de tomber dans l’oubli. Les choix sont liés aux goûts, aux possibilités et à notre connaissance du marché. Mon équipe a près de 30 ans de maison. Elle a une mémoire sur tout ce qui a été travaillé, et de ce qui a plus ou moins bien fonctionné.
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Y’a-t-il un seuil de précommandes nécessaire pour qu’un film soit édité ?
STÉPHANE HENNINOT
Selon les éditions et les coûts de fabrication – afin de rester à des prix raisonnables, ceux du marché – on demande un seuil de 300 à 1.000 précommandes. Par exemple, un projet qui n’est jamais ressorti en Blu-ray ou n’ayant jamais été retravaillé au niveau du son et de l’image coûtera nécessairement plus cher à remasteriser.
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Anticipez-vous le nombre de rééditions annuelles ?
STÉPHANE HENNINOT
Difficile d’anticiper. Le constat de la non-disponibilité des films est venu de la disparition des fournisseurs au fil des années. Pour la majorité, ils se sont regroupés chez ESC, un distributeur ayant récupéré la distribution de Pathé, Gaumont, Paramount, Sony Pictures et d’une partie de Fox pour près de 9.000 références. Chacun de ces distributeurs – ayant une place limitée en logistique pour proposer ce type d’offre – disposaient à l’époque de 3.000 à 4.000 références.
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Envisagez-vous d’étendre la plateforme Fnac Édition sur Demande à d’autres types de médias (musiques, séries…) ?
STÉPHANE HENNINOT
Des éditeurs de musique sont venus nous voir pour faire des rééditions sur deux axes principaux : des tirages limités de gros coffrets et de vinyles. Chaque réédition nécessitera un minimum de 400 à 500 précommandes sur la plateforme en ligne. Concernant les séries TV, nous allons le faire dans les prochaines vagues. Enfin, nous aborderons la question du livre, et très prochainement des produits dérivés.
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Quel type de partenariats nouez-vous avec les ayant droits ?
STÉPHANE HENNINOT
Ce sont les fournisseurs qui s’occupent de cette partie.
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Quelle garantie la Fnac offre-t-elle aux clients qui précommandent des films, notamment en termes de qualité d’édition et de respect des délais de livraison ?
STÉPHANE HENNINOT
Les délais sont fixés et actés en amont par les fournisseurs en charge de la réédition. La qualité est la même dans tout ce que l’on vend en temps normal, et cela s’inscrit dans nos contrats de distribution avec les fournisseurs. De plus, nous avons une équipe d’experts qui vérifient la qualité de chaque remasterisation.
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Avez-vous observé des tendances ou des préférences chez vos clients ?
STÉPHANE HENNINOT
La demande est forte aussi bien du côté des anciens blockbusters que des films de niche. Cinq jours après le lancement de Fnac Édition sur Demande, quatre titres étaient éligibles à la fabrication : «Contact» de Robert Zemeckis, «Le dernier samaritain» de Tony Scott, «Chute Libre» de Joël Schumacher et «Tango & Cash» de Andrey Konchalovsky. Trois autres titres sont en passe de l’être : «Les associés» de Ridley Scott, «Rêves» d’Akira Kurosawa et «L’Exorciste 2» de John Boorman.