S. HEMAR (Unifrance) : «La fiction française reste le premier genre à l’export»

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À l’occasion de la 30ème édition des Rendez-vous au Havre, Unifrance et le CNC ont présenté les résultats de leur étude annuelle sur l’export des programmes audiovisuels français. L’occasion pour média+ de revenir sur ces résultats avec Sarah HEMAR, Directrice de l’audiovisuel chez Unifrance.

media+ Quel bilan tirez-vous de votre étude annuelle sur l’export des programmes audiovisuels français ?

Sarah HEMAR Dans le cadre de la 30ème édition des Rendez-vous d’Unifrance au Havre, en compagnie du CNC, nous avons dévoilé l’étude annuelle sur l’export des programmes audiovisuels français. Sur l’année 2023, les ventes de programmes audiovisuels français se maintiennent à un niveau élevé : 203,4 millions d’euros, soit une légère baisse de -5,3% par rapport à 2022. Les ventes dépassent ainsi le seuil des 200 millions d’euros pour la troisième fois depuis 30 ans, précédemment en 2017 avec 205,2 millions d’euros et en 2022, année record, avec 214,8 millions d’euros.

media+ Dans cet écosystème, quelle est la place de la France ?

Sarah HEMAR Les bonnes performances de l’exportation des programmes français reflètent la qualité et la diversité des oeuvres dans tous les genres, qui continuent à séduire le marché international. La France est la 2ème nation européenne la mieux représentée à l’international en vidéo à la demande par abonnement et dans la programmation des chaînes de TV étrangères. Le chiffre d’affaires issu de l’exploitation des programmes français sur les plateformes à l’étranger constitue toujours une source de revenus importante : 31,3% des recettes d’exportation en 2023 (43,1% en 2022 et 8,9% en 2014). Les diffuseurs linéaires restent les premiers acheteurs de programmes audiovisuels français : les droits TV représentent 54,2% de l’ensemble des ventes de programmes en 2023, une part en hausse par rapport à 2022 (49,1%).

media+ Comment se portent les différents genres ?

Sarah HEMAR Le succès de la fiction française se confirme en 2023 avec 74,5 millions de ventes, soit sa 2ème meilleure année après 2022 (-7,7%) et un chiffre d’affaires bien au-delà de la moyenne des dix dernières années (54,9 millions d’euros). Elle reste le premier genre à l’export, pour la 2ème année consécutive, avec 36,6% des ventes totales. Le documentaire continue sa très bonne dynamique de ventes à l’international pour atteindre 47,2 millions d’euros (-3,0% par rapport à 2022, année record). L’année est marquée par les succès des programmes faisant écho à l’actualité mais aussi d’oeuvres hybrides mêlant plusieurs genres comme la science et l’histoire. Les ventes d’animation connaissent une nouvelle baisse et s’établissent à 51,2 millions d’euros en 2023 (-11,2% par rapport à 2022).

media+ Quelle est la répartition géographique des ventes de programmes français ?

Sarah HEMAR La répartition géographique est sensiblement la même qu’en 2022. L’Europe de l’Ouest regagne des parts de marché pour représenter 46,8% des recettes mondiales (+6,1 points sur un an) et reste la première région d’achat de ces programmes, à 95,1 millions d’euros. L’Amérique du Nord arrive en deuxième position avec 22,3 millions d’euros et une part de marché de 10,9%, suivie par la zone Asie / Océanie à 14,0 millions d’euros (6,9% de pdm). Enfin, les achats venant de l’Europe centrale et orientale s’établissent à 13,1 millions (soit 6,9% de pdm). Notons aussi que la Belgique devient le premier acheteur de programmes audiovisuels français avec 17,1 millions de ventes grâce à la fiction, premier genre sur le territoire (38,5% des ventes) devant le documentaire (34,0%).

media+ Qu’en est-il des préfinancements étrangers ?

Sarah HEMAR Avec 105,8 millions d’euros, les préfinancements étrangers sont à un niveau stable par rapport à 2022. Dans le détail, les apports en coproduction sont en forte croissance à 73,2 millions d’euros (+34,5%), et les préventes étrangères sont en repli de 35,6% par rapport à 2022 pour atteindre 32,6 millions d’euros.