S. BAGHERY (Eurodata TV Worldwide): « 8.350 nouveaux programmes ont été lancés en 2016 »

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Sahar BAGHERY, Directrice du Pôle Etudes & Stratégie des Contenus à ‎Eurodata TV Worldwide

Hier matin, à l’occasion de l’analyse des tendances TV internationales d’Eurodata TV Worldwide, la question de la mobilisation de l’audience à travers des stratégies innovantes a été abordée. Détails avec Sahar BAGHERY, Directrice du Pôle Etudes & Stratégie des Contenus à ‎Eurodata TV Worldwide.

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Pour mobiliser l’audience, les chaînes bougent-elles les lignes ?

Sahar BAGHERY

Oui, c’est le cas ! En termes de création, nous comptabilisons 8.350 nouveaux programmes (TV et SVOD) qui ont été lancés dans cinquante pays en 2016. 53% sont des créations originales. Ce volume a tendance à se stabiliser d’une année sur l’autre. En revanche, il y a des booms en matière de territoires émergents créateurs de contenus. Nous avons identifié par exemple le Moyen-Orient, l’Ukraine ou encore le Brésil. Concernant l’Europe de l’Ouest et les Etats-Unis, les plus petites chaînes en audience génèrent jusqu’à 2/3 des créations. Les fictions et les programmes factuels (magazines, documentaires) constituent les principaux viviers de nouveautés (40% chacun), tandis que les divertissements sont en légère baisse de 3 points (20% des lancements).

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Face à une baisse du volume des divertissements, quels nouveaux formats tirent leur épingle du jeu ?

Sahar BAGHERY

Nous en avons repéré trois : «Familiar Taste» (FremantleMedia International), une émission de cooking qui a bien fonctionné en Chine et qui consiste à cuisiner pour les siens. Dans la thématique propre aux relations humaines, «Look Me In Eyes» (Red Arrow International), acquis par le Groupe TF1, met à l’épreuve le contact visuel, en vue d’améliorer les rapports avec les amis et/ou la famille, à travers le regard. Enfin, sur le talent show musical, «Beat Shazam» (Shazam Entertainment Limited) débarque aux Etats-Unis. Il s’agira d’un blind test entre les candidats et l’application.

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Pour d’autres programmes, la tendance consiste-t-elle à repousser les limites existantes ?

Sahar BAGHERY

Cela dépend des formats. Sur le divertissement, les recettes classiques continuent de fonctionner : talent show, cooking, dating, formats sur les relations humaines avec l’importance d’un twist qui fait la différence. Les nouvelles émissions sont assez disruptives dans le mélange des genres et des temporalités. En termes de contenus, la tendance consiste à repousser les limites existantes, qu’il s’agisse de donner la voix aux femmes, aux communautés moins entendues, d’évoquer des thèmes qui dérangent, de changer de paysage ou de mixer les genres et les temporalités.

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Mêler digital et divertissement peut-il aboutir à un rajeunissement du téléspectateur?

Sahar BAGHERY

Oui, nous l’avons constaté sur différentes chaînes comme TV4 en Suède. Dans ses contenus, ses adaptations de formats locaux et la digitalisation de ses services, elle a réussi à rajeunir son audience en quelques années. Le secret est d’être non pas suiveur mais précurseur de ce genre de problématiques. En Allemagne, «Funk» dédié aux jeunes et doté d’un budget de 45 M€ a montré que des chaînes publiques, ayant un public âgé, pouvaient parvenir à capter les jeunes.

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Comment se situe la France dans l’exportation des programmes ?

Sahar BAGHERY

La France devient le 3ème exportateur de programmes en volume. Parmi ce qui a beaucoup voyagé : «Touche pas à mon poste», «Une chance de trop», «Le bureau des légendes», «Versailles», «Trepalium». D’autres territoires sont également plus présents à l’export comme les Emirats Arabes Unis, l’Ukraine et le Brésil.