Russie: une série télévisée sur l’école brise des tabous et fait scandale

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    Un lycéen a la bouche en sang après une rixe dans son établissement, un adolescent se vante d’avoir «mis en cloque» une femme, d’autres boivent des canettes de bière pendant une pause : la nouvelle série télévisée «Ecole» fait scandale en Russie. «Personne n’avait montré la vie à l’école comme cela avant nous» assure la bande-annonce de la série, dont le premier épisode a été diffusé lundi par la chaîne Pervyi Kanal, suscitant des réactions d’indignation d’enseignants et de responsables. Ce programme sans complaisance a été comparé à la série télévisée britannique «Skins», qui aborde des thèmes comme la violence, la sexualité ou la pornographie sur Internet. «Des séries comme celle-ci ne devraient pas passer à la télévision», a protesté la directrice du département de l’Education de la ville de Moscou, Olga Larionova, citée par les agences russes. Il s’agit d’un «sabotage à

    l’égard de nos enfants et des adolescents», a renchéri le député communiste Vladislav Iourtchik, qui a appelé Pervyi Kanal à retirer la série de sa programmation, selon l’agence RIA Novosti. «En tant qu’enseignant, je suis contre cette série, et j’ai 22 ans», écrit Anatoli, depuis Iakoutsk (Sibérie centrale), sur le site Internet de Pervyi Kanal. La jeune réalisatrice de la série, Valeria Gaï Guermanika, 25 ans, a confié avoir simplement voulu montrer la réalité de la vie à l’école aujourd’hui. «Je suis vraiment désolée pour les gens qui sont scandalisés, mais en tant qu’artiste, je ne pouvais pas filmer cela autrement», déclare-t-elle, observant que la série reflétait ce qu’elle avait vécu. «Je suis une enfant de l’après-perestroïka et l’école était déjà comme ça», relève Mme Guermanika, qui avait créé la surprise au Festival de Cannes en 2008 en décrochant la mention spéciale Caméra d’or pour son premier long métrage «Ils mourront tous sauf moi». «Je comprends que ce soit très inhabituel pour une chaîne nationale qui diffuse habituellement des feuilletons» de facture classique, concède-t-elle toutefois, soulignant que cette série de 60 épisodes était une idée du directeur de Pervyi Kanal, Konstantin Ernst.