Fédération qui regroupe 45 télévisions locales, Locales.tv représente plus de 800 emplois directs dont 30% de journalistes. Média de proximité par excellence, ces télévisions locales touchent chaque jour plus d’1,5 million de téléspectateurs. Comment ces chaînes peuvent-elles encore contribuer au développement d’un écosystème audiovisuel en régions ? Réponse avec Aurélie ROUSSEAU, Co-présidente de Locales.tv.
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Comment envisagez-vous l’avenir de Locales.tv ?
AURÉLIE ROUSSEAU
Notre réseau de 45 chaînes de télévision locales est en place depuis plusieurs décénnies. A ce jour, nous sommes confrontés à des défis majeurs qui se jouent actuellement à l’échelle mondiale. Comment apparaître sur les téléviseurs connectés ? Comment exister face aux GAFAM ? Comment trouver notre place au niveau national chez les FAI ? Ces enjeux sont cruciaux pour l’avenir et la survie de nos chaînes. Parallèlement, nous avons le sentiment que l’intérêt pour une information locale, fiable et de haute qualité, délivrée par des journalistes compétents, n’a jamais été aussi haut. Nous bénéficions d’une reconnaissance notable auprès du public. Selon une étude d’Ipsos, la confiance dans les médias locaux dépasse celle accordée aux médias nationaux, ce qui témoigne de la valeur que nous apportons. Face à la digitalisation, il est impératif que nous trouvions notre place. Nous sommes conscients d’être aujourd’hui davantage des créateurs de contenu pour le linéaire et le non-linéaire, plutôt que de simples chaînes de télévision.
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Quelles sont les principales actions que Locales.tv compte mettre en œuvre pour défendre efficacement les intérêts des télévisions locales ?
AURÉLIE ROUSSEAU
D’abord, nous avons renforcé notre équipe avec l’arrivée de Jean Brun en tant que délégué général. Ensuite, nous travaillons à renforcer la visibilité des médias locaux dans un paysage en constante évolution, notamment avec la consolidation des GAFAM. La TNT demeure par exemple un élément central, offrant un moyen de diffusion directe qui garantit notre accessibilité au plus grand nombre. Notre défi est double : assurer l’accessibilité et la visibilité de nos contenus tout en jouant un rôle significatif dans le débat politique, à une époque où notre voix a tendance à être moins entendue. Nous aspirons à une reconnaissance officielle par les plus hautes instances de l’État. Dans cette optique, nous collaborons avec l’Arcom, le ministère de la Culture et diverses assemblées. En partenariat avec les radios du SIRTI, nous plaidons pour la création d’un label destiné aux médias audiovisuels locaux, afin de soutenir la durabilité et le développement futur de nos structures. Nous sommes convaincus qu’un territoire sans médias locaux est plus susceptible de voir se développer rapidement des idées protectionnistes et nationalistes. La valeur d’une information locale de qualité est indéniable. Toutefois, il est impératif que nous disposions des moyens nécessaires pour opérer avec des modèles économiques viables et pérennes.
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A quoi servirait la labellisation de vos médias locaux ?
AURÉLIE ROUSSEAU
L’obtention d’un label pour nos médias ne servirait pas seulement à nous identifier de manière formelle, mais ouvrirait également la voie à diverses mesures de soutien, telles que des fonds spécifiques dédiés à la diffusion et à l’innovation. Rappelons que nos médias jouent un rôle unique en donnant la parole à ceux souvent décrits comme «les invisibles».
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Quelles sont les menaces spécifiques auxquelles le modèle d’information locale est confronté aujourd’hui ?
AURÉLIE ROUSSEAU
Au niveau local comme national, une grande partie des revenus publicitaires est captée par les GAFAM, ce qui fragilise notre modèle économique. Nos médias dépendent de deux principales sources de revenus : d’une part, les contributions du secteur privé, incluant des entreprises locales (pubs, création de contenus personnalisés conformément aux régulations, et un nombre significatif d’activités événementielles), et d’autre part, des partenariats spécifiques à travers des contrats d’objectifs et de moyens avec les collectivités territoriales, qui traversent également des périodes économiques difficiles. Les deux pieds sur lesquels nous nous appuyons se fragilisent. C’est pour cela que nous réclamons une régulation forte de la part de nos instances pour protéger les modèles que nous défendons. Une télévision locale sans cette combinaison du public et du privé ne peut pas exister.
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De quelle manière les télévisions locales contribuent-elles à la cohésion et à l’identité des territoires ?
AURÉLIE ROUSSEAU
Nous proposons une couverture exhaustive de l’actualité avec un angle d’hyper-proximité. Notre expertise réside dans notre connaissance approfondie des territoires que nous couvrons au quotidien, ce qui fait de nous des acteurs clés du pluralisme de l’information à l’échelle locale. Nous jouons aussi un rôle significatif dans le soutien à la création audiovisuelle régionale, en étant à la fois coproducteurs et pré-acheteurs de documentaires et de courts métrages. Nous nous percevons également comme une valeur refuge dans le paysage médiatique actuel, souvent saturé d’informations nationales et internationales qui peuvent s’avérer anxiogènes.
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Comment stimuler le développement de l’écosystème audiovisuel régional ?
AURÉLIE ROUSSEAU
Nous entamons les démarches auprès de Google et Meta pour la reconnaissance de nos droits voisin puisque nos contenus sont repris par leur plateforme. Même si nous sommes de petits acteurs, nous entendons bien faire entendre nos voix et nos valeurs.
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Face aux changements dans les modes de distribution de contenu, quelle stratégie Locales.tv adopte-t-elle pour garantir que les télévisions locales restent accessibles ?
AURÉLIE ROUSSEAU
Nous allons nous battre sur tous les fronts sur la TNT. Nous pensons pouvoir bénéficier d’une meilleure numérotation. Cette opportunité se présente à un moment où une redistribution des canaux pourrait avoir lieu, en lien avec l’appel à candidatures pour 15 nouvelles fréquences. En ce qui concerne les fournisseurs d’accès Internet (FAI), il est crucial que notre position dans leurs plans de numérotation ne soit pas modifiée de manière arbitraire, ce qui pourrait entraîner notre invisibilité pour les téléspectateurs. L’enjeu de notre relation avec les GAFAM, ainsi que notre présence sur les télévisions connectées et les FAST TV est également au cœur de notre stratégie.