La ministre de la Culture Rachida Dati s’est dite jeudi «gênée par la sanction collective», après le report sine die de la sortie du film «CE2», réalisé par Jacques Doillon, cinéaste mis en cause par plusieurs actrices dont Judith Godrèche pour des violences sexuelles. «Un film est une oeuvre collective. Est-ce qu’on doit sanctionner tous les autres talents ?», a demandé la ministre sur France Culture, en citant les techniciens, maquilleurs, ou encore les financeurs.
«Je suis plus gênée par la sanction collective», «gênée de punir tout un film en raison d’un comportement inapproprié ou illégal d’une personne», a-t-elle enchaîné, tout en rappelant son «combat» contre «les violences sexuelles et sexistes».
«La liberté de création doit être absolue mais la pédocriminalité, ça n’est pas un art», a asséné la ministre. «CE2», avec Nora Hamzawi et Alexis Manenti, devait sortir en salles le 27 mars.
La production du film a annoncé mardi son report jusqu’à nouvel ordre, après un temps avoir maintenu sa sortie fin mars.
Nora Hamzawi s’était opposée publiquement à la décision de sortir le film: «Je ne soutiens pas cette décision qui d’après moi représente un mépris vis-à-vis de la parole des femmes», avait-elle commenté, à propos de ce film tourné il y a quatre ans. M. Doillon, 79 ans, est mis en cause, avec le réalisateur Benoît Jacquot, 77 ans, dans une enquête pour «viol sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité, viol, violences par concubin, et agression sexuelle sur mineur de plus de 15 ans par personne ayant autorité», à la suite d’une plainte de Judith Godrèche. L’actrice avait tourné avec lui dans «La fille de 15 ans», sorti en 1989. Elle l’a accusé publiquement de l’avoir «peloté» et embrassé sur ce tournage.
De son côté, Isild Le Besco a annoncé qu’elle envisageait de porter plainte contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon, accusant ce dernier de l’avoir privée d’un rôle dans un film quand elle avait 17 ans, «à partir du moment où (elle a) refusé ses avances». Anna Mouglalis a accusé publiquement M. Doillon de l’avoir «embrassée de force».
M. Doillon a contesté la version de Mme Le Besco et qualifié de «grotesque» l’accusation d’Anna Mouglalis. Plus généralement, le réalisateur se dit innocent, et s’est défendu publiquement début février, dénonçant des «dénonciations arbitraires, (des) fausses accusations et (des) mensonges», et disant se tenir à la disposition de la justice.