Radio France s’engage à mieux «protéger les victimes d’agissements sexistes»

Confidentialité, traitement des alertes accéléré… Radio France s’est engagé à mieux «protéger les victimes d’agissements sexistes», à l’issue d’une enquête interne ayant révélé des «dérives, parfois graves» dans ses services, selon un mail de sa présidente Sibyle Veil envoyé mercredi aux salariés. 

Comme l’a révélé le Monde, les conclusions de cette enquête commandée en mars à l’experte Sophie Latraverse, dans le sillage du documentaire de Marie Portolano, «Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste», sur le sexisme dans les rédactions sportives, ont été présentées lundi lors d’un comité social et économique central extraordinaire à Radio France. 

S’appuyant sur 80 entretiens, elles témoignent notamment d’une «ambiance de travail très dure justifiant le stress, la violence et le sexisme» (blagues, gestes, attitudes dénigrantes…), d’une tolérance «au quotidien» de «situations et comportements graves» dans divers services, et de la primauté donnée au besoins de l’antenne plutôt qu’à la protection des victimes, selon une présentation. 

Cette enquête montre «qu’il persiste» des «comportements et des paroles absolument inadmissibles», que Radio France a «par le passé, insuffisamment sanctionné des dérives parfois graves» et que la maison ronde «doit mieux protéger les victimes», résume dans son message Sibyle Veil. Pour l’heure, l’enquête a donné lieu à «11 procédures disciplinaires» pouvant entraîner un licenciement, dont 6 concernent France Bleu Pays basque, et une le service des sports, deux rédactions mises en cause par la journaliste Amaia Cazenave, témoin du documentaire de Marie Portolano, précise-t-on chez Radio France. 

Une «série d’entretiens de recadrage» en cours s’ajoute aussi aux «16 sanctions», dont 5 licenciements, déjà prises depuis 2019 et le lancement d’une «politique de tolérance 0» contre les agissements sexistes, selon Sibyle Veil. 

Cette dernière promet en outre des évolutions avec les managers et la DRH pour «mieux repérer les dérives, les faire cesser aussitôt, créer un climat de confidentialité» pour les victimes, «accélérer les délais de traitement des signalements pour ne pas laisser les situations pourrir et sanctionner justement les auteurs». 

Contacté, le référent harcèlement sexuel de Radio France, Renaud Dalmar (CFDT), a salué une «révolution» dans l’affirmation que «désormais la santé et la sécurité des salariés comptent plus que l’antenne». 

Un changement dont se félicite aussi l’élu CGT Manuel Houssais, tout en regrettant un «plan incomplet» et en plaidant notamment pour une augmentation du nombre de référents harcèlement.