Les cinq syndicats de Radio France, qui ont appelé jeudi à une grève illimitée (CFDT, CGT, SNFORT, SUD, Unsa), ont décidé de reconduire le mouvement mardi, pour le 6e jour consécutif, a-t-on appris lundi de source syndicale. «Nous nous sommes organisés pour que la grève dure et impacte les antennes, ça se durcit», a déclaré Renaud Dalmar, représentant CFDT, à l’issue d’une AG, peu après l’évocation par le président du groupe Mathieu Gallet dans une interview des mesures de départs volontaires pour les seniors. Toutes les radios publiques ont déjà été fortement perturbées lundi, avec notamment l’annulation du 7-9 de France Inter, son émission phare, une première depuis le début du mouvement. Cette grève, qui concerne toutes les catégories sauf les journalistes, la plus dure depuis 20 ans selon les syndicats, vise notamment à protester contre d’éventuelles réductions d’effectifs. La direction a estimé lundi matin le nombre de grévistes à 180 (sur 4.600 salariés), un chiffre contesté par les syndicats. Interrogé dans «Le Monde», Mathieu Gallet a annoncé qu’il envisageait des «mesures d’accompagnement de départs volontaires, notamment à destination des seniors», sans préciser le nombre de personnes pouvant être concernées. «Nous ne savons rien sur ces mesures», a commenté la CFDT. «Aucun plan de départs volontaires n’a été présenté». Dans un courrier interne, Mathieu Gallet a aussi présenté ses excuses au personnel pour les coûteux frais de rénovation de son bureau, dévoilés mercredi par «Le Canard enchaîné». «Dans le contexte financier qui est le nôtre, j’aurais dû reporter cette opération de restauration». «Je tiens à m’en excuser auprès de vous tous». Il a enfin réaffirmé que Radio France n’avait «pas les moyens de financer deux orchestres symphoniques, un choeur et une maîtrise pour un coût de 60 millions, ne générant que 2 millions de recettes de billetterie» et plaidé à nouveau pour faire «cofinancer l’Orchestre national de France avec la Caisse des dépôts». «Le Canard enchaîné» a révélé mercredi que les frais de rénovation du bureau de Mathieu Gallet, 38 ans, nommé président en mai 2014, avaient coûté plus de 100.000 euros, alors qu’il avait déclaré en début d’année que Radio France devait trouver 50 millions d’euros d’économies. L’inspection générale des Finances a décidé de lancer une enquête sur les dépenses de la direction. Les syndicats craignent un plan de départ de plusieurs centaines de personnes, alors que Radio France prévoit un déficit de 21,3 millions d’euros cette année, du jamais vu dans son histoire. Mathieu Gallet a enfin proposé «un moratoire» sur les travaux encore à réaliser à la Maison de la Radio, un chantier démarré en 2009 et d’un coût de plus de 350 millions d’euros.