R. TERESZKIEWICZ (BetaSeries) : «Il y a aujourd’hui des segments d’audience très éclatés sur le marché des séries»

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En plus de dix ans d’existence, BetaSeries.com est devenue la première plateforme et communauté française sur les séries. Tour d’horizon autour de la stratégie de développement avec Rémi TERESZKIEWICZ, CEO de BetaSeries.

Comment BetaSeries réussi-t-elle à s’imposer sur la recommandation de séries ?

Il s’agit d’un travail que l’on fait depuis maintenant 15 ans et quand on est cohérent avec son positionnement de base, le référencement internet se fait naturellement. On a toujours été positionnés sur l’aide à la consommation de séries. Le choix est devenu pléthorique et il s’est multiplié par deux en 10 ans. Les consommateurs sont passés de «je pirate» à «je m’abonne à Netflix», puis à toutes les plateformes d’aujourdhui. Aujourd’hui, plus de 30% des consommateurs souscrivent à trois services de SVOD. Avec une telle quantité de séries de plus en plus qualitatives, on a plus que jamais besoin d’un guide référent. Notre positionnement est basé sur la recommandation de contenu qu’on détermine en analysant comment les consommateurs choisissent leur prochaine série. A ce jour, 30% des gens mettent plus de 30′ à trouver leur programme. Il y a un vrai problème de recommandation que l’on solutionne aujourd’hui.

BetaSeries traite-t-elle de la recommandation sous toutes ses formes ?

Oui, nous le faisons techniquement en analysant les usages. Nous le faisons aussi par le biais d’articles ou d’interviews de showrunners. Toutes les semaines, nous sortons ainsi plusieurs pitchs de séries (une quarantaine par mois) pour plusieurs territoires. Alors qu’habituellement on se fait recommander une série par sa plateforme (19% des cas), la presse online, les réseaux sociaux ou la presse traditionnelle, nous panachons sur BetaSeries toutes ces solutions ouvertes au consommateur pour trouver un bon contenu.

Avez-vous opéré une stratégie de diversification des services offerts par BetaSeries ?

Notre asset principal demeure le référencement quasi exhaustif de 28.000 séries. On ajoute à cela les films des plateformes (70.000 actuellement référencés). On a de plus localisé les liens des plateformes sur de plus en plus de pays et nous avons renforcé et enrichi les solutions de recommandation auprès de nos membres. Ce qui nous rend assez incontournable.  Et puis il y a toutes nos solutions « B2B ».

Comment BetaSeries est-il devenu un média global et gratuit sur les séries, recommandant plutôt que critiquant ?

A travers toutes les nouvelles séries, on identifie d’abord la cible et l’intérêt qu’elle va avoir. Attention, nous ne sommes pas en train de dire que toutes les séries sont excellentes. En revanche, elles adressent énormément de publics différents. Une partie de notre trafic est connectée sur le site : nous avons 2,7 millions de membres (contre 1 million il y a 6 ans). Ces usagers connectés peuvent faire des recommandations, préciser leur historique de visionnage et ainsi recevoir des suggestions de séries similaires. Bien au-delà d’une plateforme internet, nous sommes capables de déterminer pour chacune des plateformes, des segments d’utilisateurs, la part de marché, la performance d’une série et la tendance autour d’un genre. Le site est ainsi de plus en plus personnalisé et adapté aux recherches des consommateurs.

Comment le modèle d’affaire de BetaSeries permet-il d’accompagner les plateformes de streaming dans le lancement de leur série ?

Nous avons un business modèle reposant sur deux axes : un premier pilier BtoC avec une offre d’activation média très ciblée permettant de mesurer et de planifier les bonnes actions à prendre en tant que diffuseur. On propose ainsi des bannières, interstitiels, habillages et pushs de CRM mais aussi des articles et interviews. On est capable d’aller chercher une cible et lui envoyer le bon article ou recommandation. Notre deuxième pilier BtoB repose sur une offre professionnelle qui analyse les données et permet une compréhension très fine de la consommation des contenus à travers notre plateforme de « marketing intelligence » (évolution des genres, popularité d’une série…). Nous offrons également une solution pour aider les producteurs à mieux pitcher leur projet de série et renforcer leurs arguments de vente. Sur la base d’un scénario ou d’un synopsis, on identifie des séries existantes très proches dans nos bases, et on réalise un portrait-robot du script pour une audience type, le genre qu’elle va adresser, sa performance potentielle, identifier les meilleures plateformes… Enfin, nous avons une offre de tests de séries sur nos panels de spectateurs.

Avez-vous des objectifs de développement à l’international ?

Depuis deux ans, on a basculé d’une plateforme française à 70% à une plateforme où les 2/3 du trafic sont fait dans les pays européens. On est à plus de 6 millions de visiteurs uniques par mois et 20 millions de pages vues. Et je ne parle pas de notre application. On se développe dans les territoires où il y a une grande consommation sérielle en plus de la France : Espagne, Italie, Allemagne ou Grande-Bretagne.

Quelles sont les nouvelles tendances et usages observés autour des séries ?

Il y a aujourd’hui des segments d’audience très éclatés et c’est un marché dynamique. Thrillers, drames et comédies continuent toujours de générer la plus grande partie des usages, mais on observe énormément de nouveaux genres : science-fiction, aventure, teen-drama… On voit aussi apparaître des sous-genre par vagues comme les séries «royales» l’année dernière ou le western en ce moment. Il y a aussi une tendance identifiée autour de réalisateurs de cinéma qui se mettent à faire des séries. On observe enfin un intérêt croissant pour les offres gratuites dans ce contexte de crise.