R. FAURE (Groupe TF1) : « Notre priorité est de créer des contenus qui fidélisent et engagent les téléspectateurs »

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Avec le retour de la «Star Academy» le 4 novembre sur TF1, la chaîne voit les choses en grand et a même repensé la façon de raconter les histoires. Objectif : rendre le divertissement tout aussi addictif qu’une série feuilletonnante. Cette logique s’applique d’ailleurs de plus en plus aux divertissements. Tour d’horizon avec Rémi FAURE, Directeur des Programmes de flux du groupe TF1.

MEDIA +

L’an dernier, «Star Academy» a connu un franc succès. Comment envisagez-vous d’exploiter la marque cette année ?

RÉMI FAURE

Nous capitalisons sur nos expériences passées, en reprenant ce qui a bien fonctionné et en améliorant les aspects perfectibles. L’an dernier, tout était condensé sur six semaines mais nous savions aussi que le format en avait sous le pied. A partir du 4 novembre, nous offrirons une expérience totalement différente de la «Star Academy». A tous points de vue, nous allons raconter les choses différemment sur trois mois. Notre approche sera donc plus approfondie: on va mettre l’accent sur l’évolution des élèves, leur apprentissage musical, leur progression dans différentes disciplines. Durant la seconde partie de la saison, une fois les élèves sélectionnés pour la tournée, nous nous concentrerons sur leur personnalité et singularité artistique. Certains, passant trois mois au château, vivront aussi des relations profondes, qu’il s’agisse d’amitié ou peut-être d’amour.

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Comment avez-vous remodelé la conception de l’émission en collaboration avec Endemol France et DMLS TV ?

RÉMI FAURE

Nous avons eu une réflexion approfondie sur le contenu de l’émission. Tout d’abord, le nombre d’élèves et la durée du programme ont augmenté, nous pourrons davantage suivre leur évolution et leur progression. Un autre changement majeur concerne l’introduction de semaines thématiques. Chacune d’elles offrira une narration différente. Les Prime Time du samedi soir se démarqueront des autres en plaçant les élèves dans diverses situations : participer à une spéciale «comédie musicale», chanter avec un orchestre symphonique… Dans la spéciale «tournée», ils devront montrer leurs talents de show (wo)man et leur capacité à captiver le public en arpentant la scène. Chaque émission aura sa propre saveur, rendant chacune unique.

MEDIA +

Étendre «Star Academy» sur trois mois vous a-t-il contraint à revoir votre grille de programmes sur les divertissements ?

RÉMI FAURE

Effectivement, notre grille de programmation a été impactée cette année, notamment avec les événements sportifs majeurs. La Coupe du Monde de Rugby a occupé plusieurs de nos créneaux dédiés au divertissement, et l’Euro de Football commencera en juin. Cette coïncidence a réduit notre fenêtre de diffusion pour les divertissements au moment où nous mettions l’accent sur «Star Academy». Mais nous retrouverons bien entendu cette saison : «Danse avec les stars», «Mask Singer» et «The Voice».

MEDIA +

Conservez-vous la case du mardi en divertissement ?

RÉMI FAURE

Nous maintenons en effet certains divertissements sur le créneau du mardi. «Koh Lanta» a trouvé sa place le mardi et génère de très gros replays. Il n’y a pas de raison de changer des choses qui fonctionnent.

MEDIA +

La quotidienne de «Star Academy» est désormais prévue tous les jours de la semaine. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

RÉMI FAURE

Nous avons remarqué une forte activité le dimanche sur MyTF1 pour la diffusion du canal en direct et pour la consommation de replays. Le dimanche après-midi, de nombreuses personnes sont disponibles pour regarder la télévision, surtout pendant l’hiver. Il nous semblait dommage de ne pas proposer de contenu ce jour-là. D’autre part, il y a des contenus que l’on n’a jamais exploités dans «Star Academy» : les coulisses du Prime, la sortie du plateau, le retour au château. On se privait de tout ce qui se passait le samedi. Cela nous donne également l’opportunité de montrer une autre facette de la formation des apprentis chanteurs : leurs répétitions, le stress en loge, etc. La quotidienne du dimanche est donc programmée avant «Sept à Huit», un peu plus tôt que celles du lundi au vendredi.

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Dans la mesure où l’on assiste à une «plateformisation des contenus», les nouveaux divertissements sont-ils repensés ?

RÉMI FAURE

Notre priorité est de créer des contenus qui fidélisent et engagent les téléspectateurs, un peu à l’image des séries feuilletonnantes qui créent une addiction. C’est pourquoi, dans notre grille de programmation, il n’est pas anodin de voir «Star Academy» placée avant des séries comme «Ici tout commence» et «Demain nous appartient». Ces trois programmes forment en réalité un bloc de feuilletons quotidiens. A l’ère du streaming, les spectateurs veulent avoir le contrôle et décider eux-mêmes de ce qu’ils regardent et quand. Notre défi est donc de les attirer vers nos contenus. La clé réside dans la création d’une addiction pour nos programmes. Les émissions bouclées sont réservées essentiellement aux événements comme «Miss France», «NRJ Music Awards» ou «Les Enfoirés», qui génèrent une urgence de visionnage. Pour les autres émissions, nous devons adopter une approche plus sérielle pour maintenir l’engagement du public. Pour des émissions comme «DALS», nous comptons accentuer le côté feuilleton quotidien sur le digital (tels que les répétitions et les entraînements) en complément des Prime Time, afin de mieux captiver le public.

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Envisagez-vous d’enregistrer une partie de «DALS» pour mieux contrôler le récit ?

RÉMI FAURE

«DALS» restera principalement tourné en direct. C’est essentiel, car le format de l’émission exige ce dynamisme et cette spontanéité. L’énergie du direct est irremplaçable et crée une expérience unique tant pour les participants que pour le public. Cependant, l’enregistrement des premières émissions offre plusieurs avantages et nous permet d’optimiser la narration, de présenter de manière plus approfondie le casting. C’est le moyen d’assurer une narration fluide et fidèle à la réalité des événements.