La télévision, avec ses millions de téléspectateurs, est le média idéal pour faire prendre
conscience des dangers des changements climatiques et aider à adopter de nouveaux
comportements. Mais les programmes «écolos» doivent séduire sous peine de voir le
public s’enfuir. Le MIPTV, l’un des principaux marchés mondiaux de l’audiovisuel, qui
a démarré lundi à Cannes, dans le sud de la France, consacre une journée entière à la
télévision verte, «ce qui montre à quel point ce sujet est devenu important pour le monde
de la télé», souligne Cassie Farrell, productrice britannique. «Mais notre défi est de traiter
ces questions d’une manière qui séduise les gens». «Il est difficile de dire clairement
les choses, sans trop effrayer, et en s’efforçant d’avoir de l’audience», renchérit Yann
Arthus-Bertrand, photographe et auteur d’une série à succès, «La Terre vue du ciel».
Pour lui, «il faut faire naître l’émotion, grâce à la beauté des images, qui n’empêche
pas le message de passer». Ces programmes «écolos», diffusés en première partie de
soirée, doivent aussi selon lui, «montrer ce qui marche, donner des exemples de gens qui
essayent de faire avancer les choses afin que le téléspectateur puisse se dire «moi aussi,
à mon échelle, je peux agir»». La télévision, média de masse, peut «amener l’écologie
au coeur des consciences, et alors tout devient facile». Même volonté de «positiver»
pour la chaîne américaine Sundance, créée par l’acteur-réalisateur Robert Redford, qui
diffuse depuis un an tous les mardis à 21h00 «The Green», un programme qui veut servir
«d’inspiration pour vivre plus vert». «Il s’agit de montrer les petits pas que chacun peut
faire dans sa vie quotidienne», explique Laura Michalchyshyn, l’une des responsables.
Sundance Channel invite également des personnalités du cinéma pour séduire un public
jeune. Les Britanniques, réputés pour l’excellence de leurs fictions et leur habileté à
traiter de sujets contemporains complexes, se sont engouffrés dans la brèche. En juin,
BBC2 diffusera «Burn up» («Cramé»), un film en deux parties sur un scénario de Simon
Beaufoy, l’auteur des «Full Monty». «Le film a été délicat à financer car c’est un nouveau
territoire pour la fiction», raconte Simon Beaufoy. «Le changement climatique est un
ennemi invisible, ce qui est un gros problème pour un auteur de fiction. C’est aussi un
sujet très compliqué, et en plus, comme tout le monde a une part de responsabilité, cela
peut donner un film où on se sent tous mal à la fin». «La seule façon que j’ai trouvée
pour aborder ce thème a été de bâtir un thriller, qui parle du changement climatique et
de l’industrie pétrolière», ajoute M. Beaufoy. Sur un rythme haletant, le film promène
le télespectateur du Proche-Orient aux Etats-Unis, en passant par l’Europe et le cercle
arctique. Il plonge aussi le public au coeur des réunions de l’ONU ou des dirigeants
de grands groupes pétroliers. L’histoire racontée est une fiction mais «tout ce qui se
rapporte au changement climatique a été validé par des scientifiques», précise l’auteur.
Autre lieu pour interpeller le public: le bulletin météo. «Nous sommes là tous les jours,
à des heures de grande écoute, pendant une, deux ou trois minutes», souligne Tomas
Molina, présentateur météo espagnol. Pour la présentatrice française Evelyne Dheliat,
«nous sommes le maillon entre les scientifiques et le public». «Le bulletin météo est bref
et le public veut surtout savoir le temps qu’il fera demain. Il nous faut donc être court et
concret: «éteignez les lumières, ralentissez en voiture…»», souligne-t-elle.