Chroniques au vitriol, qualificatifs corrosifs et humour noir: Stéphane Guillon brosse, depuis des années sur les antennes, des portraits qui lui valent quelques inimitiés mais aussi beaucoup d’audience, car «le mauvais goût est parfois nécessaire». Son dernier fait d’arme à France Inter, un billet sur Dominique Strauss-Kahn et sa liaison extra-conjugale, a suscité la colère du directeur du FMI et a passionné des milliers d’internautes par vidéo interposée. «Je pense qu’on peut rire de tout. Ma seule limite, et là je rejoins Pierre Desproges, c’est qu’il y a des gens avec lesquels je ne veux pas rire. Des gens dont je désapprouve la politique ou les méthodes», confie-t-il. Quand Thierry Ardisson a reçu dans son émission de Canal+ le député-maire (UMP) de Levallois Perret Patrick Balkany, Stéphane Guillon s’est abstenu d’y participer. De même, il n’irait «pas rire sur un plateau avec Jean-Marie Le Pen, ni Dieudonné». «Il y a certaines personnes avec lesquelles, comme dirait ma femme, il n’y a même plus accord sur le désaccord… parler d’elles c’est leur faire de la publicité, c’est la seule chose qu’elles cherchent», assure l’humoriste de 45 ans. Comme Coluche, il juge «le mauvais goût, parfois, nécessaire». Il évoque la mini polémique l’ayant opposé récemment au journaliste politique Jean-Michel Aphatie. Sur son blog, ce dernier considérait «qu’avant d’être drôle» Stéphane Guillon «est méchant». En retour, dès le lendemain sur France Inter, l’humoriste lui dédiait un papier fielleux. «Quand on dit à quelqu’un que son travail n’est que de la méchanceté, qu’il est là pour blesser les gens, dézinguer, puis repartir chez lui et qu’il faut une sanction légère, voire lourde, contre cette personne, ça fait un peu froid dans le dos», commente-t-il. Bien sûr, il admet qu’il y avait «plein de mauvais goût» dans cette chronique. «Mais je lui disais: je vais vous montrer ce qu’est la méchanceté pure et dure, Monsieur Aphatie. Il ne l’a pas compris comme ça, tant pis!». D’après l’Elysée, le président Nicolas Sarkozy a qualifié d’«inadmissibles» son billet sur DSK et sa sortie sur Martine Aubry comparée «à un petit pot à tabac». «Peut-être M. Sarkozy trouve-t-il mon papier sur DSK et mes réflexions sur Martine Aubry de mauvais goût. Mais que pense-t-il de mon papier sur l’antisémitisme ou de certains autres grâce auxquels j’estime, -c’est peut-être prétentieux-, faire avancer un peu les choses à mon niveau, avec le rire?», demande-t-il.