Pluie d’hommages à Hervé Bourges, grande figure de l’audiovisuel français

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Les hommages affluaient lundi après l’annonce de la disparition de Hervé Bourges, grande figure de l’audiovisuel français et fervent défenseur de la francophonie, décédé dimanche à l’âge de 86 ans. L’ancien dirigeant est décédé dans un hôpital parisien, entouré de son épouse et de proches, a notamment indiqué Olivier Zegna-Rata, qui fut son directeur de cabinet au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Journaliste, patron successif des chaînes de télévision TF1, France 2 et France 3 puis du groupe France Télévisions, et de la radio RFI, Hervé Bourges avait également été à la tête du CSA de 1995 à 2001. Né le 2 mai 1933 à Rennes (Ille-et-Vilaine, nord-ouest), Hervé Bourges fut diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ) en 1955. Sa vie fut ensuite un long parcours entre médias, politique et même diplomatie, un temps ambassadeur de France auprès de l’Unesco. Il avait signé en 2012 un dernier documentaire «l’Algérie à l’épreuve du pouvoir», avec le réalisateur Jérôme Sesquin. Outre ses rôles éminents dans les médias, Hervé Bourges fut aussi un militant anti-colonialiste du temps de la guerre d’Algérie, un amoureux de l’Afrique et un fervent défenseur de la francophonie. Dans un communiqué, le CSA a souligné qu’il «restera comme un grand humaniste, un spectateur engagé des mouvements du monde et du temps, un serviteur généreux et bienveillant». «Vous resterez pour nous une source d’inspiration», a également commenté le président du régulateur, Roch-Olivier Maistre. «Homme de convictions, dirigeant talentueux doué d’un sens stratégique hors pair, Hervé Bourges a durablement marqué l’audiovisuel français de son audace. C’était aussi un ardent défenseur de notre langue et de la communauté des francophones», a renchéri le ministre de la Culture, Franck Riester. «Nous qui l’admirions, avons fait appel à lui, pu maintes fois compter sur son inestimable concours, ses avis sur les médias ou sur l’Etat de droit, sommes profondément peinés», a réagi sur Twitter Michaelle Jean, ancienne envoyée spéciale de l’Unesco pour Haïti et ex-secrétaire générale de la Francophonie. «France Télévisions est en deuil aujourd’hui», a affirmé Delphine Ernotte, la patronne du groupe de télévision public, qu’il avait lui-même fondé en 1992, en réunissant sous un même toit Antenne 2 et FR3, rebaptisées à cette époque France 2 et France 3. Le groupe, qui est devenu le navire amiral de l’audiovisuel français, a estimé dans un communiqué qu’»Hervé Bourges laisse une trace indélébile dans les médias français et la télévision publique». «Président de TF1 de 1983 à sa privatisation, il a contribué à faire de TF1 une grande chaîne populaire», a souligné de son côté la première chaîne. «Hervé Bourges a été, de loin, le plus grand des présidents de chaînes (la Une puis la Deux). Parfois immodeste mais brillant, exigeant mais bienveillant. Un poil irresponsable parfois, comme lorsqu’il me confie en 84 la présentation du 20H. Tant de (bons) souvenirs…», a estimé le journaliste Bruno Masure. De son côté, l’ancien patron de Radio France et de l’Institut national de l’audiovisuel Mathieu Gallet a rendu hommage sur Twitter à l’homme «exigeant et juste». «Hervé Bourges, c’était l’Algérie, c’était l’Afrique, c’était la francophonie, c’était le journalisme, c’était l’audiovisuel public, c’était tout l’audiovisuel», a-t-il ajouté. Et Michel Boyon, autre ancien dirigeant du CSA, a lui aussi salué une personnalité qui «prônait un journalisme exigeant» et «avait un sens élevé du service public, un enthousiasme pour l’Afrique, une croyance profonde dans la Francophonie». «Hervé Bourges était et restera immense», a lancé Nagui, l’animateur de France Inter et France 2. «A toi mon vieux frère, je ressens une peine immense pour ton départ», a souligné l’artiste camerounais Manu Dibango.