Pierre Tchernia, le «Monsieur Cinéma» de la télévision française et l’un des derniers géants du petit écran, est décédé samedi dans la nuit à l’âge de 88 ans, une disparition pleurée par le monde audiovisuel et des milliers d’anonymes. L’état de santé de papa s’est dégradé il y a 8 jours, il est mort à 3 heures du matin dans nos bras», a annoncé Antoine Tchernia. «Il est parti dans la sérénité entouré de sa famille», a ajouté son agent, Artmedia. Pendant une carrière impressionnante de presque 60 ans, avec bonhomie et sans pédanterie, il a transmis aux téléspectateurs sa passion encyclopédique du cinéma, incarnant l’ambition du service public d’une culture exigeante et populaire. «Pierre Tchernia est le dernier géant de la télévision qui disparaît», a souligné sur LCI Michel Drucker, autre gure historique de la télé. «C’est lui qui avec Georges de Caunes et Pierre Sabbagh a inventé le JT dans les années 50. On est parmi les derniers qui ont connu (les studios de la rue) Cognac-Jay, où est née la télévision». «La disparition de Monsieur Cinéma met en tristesse la cinéphilie», a déclaré Gilles Jacob, ancien président du festival de Cannes. «Il a rendu le grand public cinéphile sans qu’il s’en aperçoive». Fils d’un immigré ukrainien, né à Paris en 1928, Pierre Tchernia avait participé à l’ORTF à la création du premier journal télévisé en 1949 qu’il avait ensuite quitté en 1955 pour devenir créateur et animateur d’émissions de variétés («La clé des champs», «La boîte à sel»). De 1966 à 1988, il s’était imposé comme la référence cinématographique de la télévision, avec une série d’émissions où il transmettait son goût pour le septième art, de «Monsieur Cinéma» à «Mardi cinéma», avec des candidats passionnés qui connaissaient le moindre réalisateur. Sans oublier «L’Ami public numéro 1» puis «SVP Disney», qui a pendant 14 ans a marqué le jour de Noël avec des extraits des classiques Disney. Il a aussi mis en scène cinq oeuvres de Marcel Aymé (dont «Le Passe-muraille» et «Héloïse») pour la télévision, et réalisé notamment «Le Viager» avec son ami Michel Serrault, ainsi que quelques dessins animés pour le cinéma. Immédiatement reconnaissable, il a été immortalisé par ses amis Goscinny et Uderzo, les créateurs d’Astérix, sous les traits d’un centurion dans «Astérix en Corse».