NPA Conseil et Harris Interactive viennent de révéler leur Baromètre des Usages Audiovisuels sur la période du troisième trimestre 2023. Transformation progressive des services de catch-up en plateformes de BVoD au périmètre élargi, déploiement des plateformes d’AVoD et de FAST, augmentation des connexions à YouTube sur le téléviseur… Détails avec Philippe Bailly, Président de NPA Conseil.
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Quelle est l’importance actuelle des plateformes d’AVoD et de FAST dans les usages audiovisuels des Français, et comment anticipez-vous leur évolution ?
PHILIPPE BAILLY
En France, les plateformes d’AVoD et de FAST attirent 15 à 20% des Français, de façon plus ou moins régulière. Il s’agit d’une vraie montée en puissance en termes de notoriété et de prise en main. Cela traduit aussi la premiumisation des programmes qu’elles proposent grâce à des éditeurs de plus en plus aguerris. L’intégration de chaînes historiques de la TNT est également en cours. SFR a récemment annoncé que d’ici fin 2023, BFMTV et quatre autres chaînes du groupe seront disponibles sur Samsung TV+, la plateforme AVoD de Samsung, et qu’ils prévoient de lancer une dizaine de nouvelles chaînes début 2024. Cela représentera une expansion significative de l’offre de streaming gratuit de SFR. En outre, il semble que les frontières entre les plateformes de diffusion traditionnelles (BVoD) et celles de l’AVoD et des FAST s’estompent. Un partenariat entre Samsung TV+ et TF1 Publicité a également été conclu. Ces développements contribuent à la création d’un vaste univers de streaming gratuit de qualité dont la couverture dépasse les 90%.
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Avec la montée en puissance des abonnements à des services de SVoD, quel a été impact sur les stratégies des fournisseurs de contenus et des distributeurs ?
PHILIPPE BAILLY
Certains producteurs se sont orientés vers la création de leurs propres chaînes d’AVoD et de FAST. Et tous ont appris à produire du contenu adapté aux différents types de plateformes, et à jouer sur les fenêtres d’exploitation successives, par exemple lancer des séries sur des chaînes gratuites, avec une reprise sur des plateformes SVOD pour des périodes plus étendues, et éventuellement à les céder finalement à des plateformes AVoD et FAST. Ce processus a rendu le métier de producteur et de distributeur de programmes plus flexible, permettant d’adapter la diffusion et l’exploitation des contenus afin d’atteindre le plus grand nombre de spectateurs et de maximiser la valeur économique créée.
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Quelles conclusions tirez-vous de la progression des équipements OTT dans les foyers français ?
PHILIPPE BAILLY
Environ 65% des Français possèdent une Smart TV, une clé HDMI de type Chromecast ou une AppleTV. Ces équipements leur permettent de choisir librement les programmes et les services auxquels ils s’abonnent, les rendant moins dépendants des fournisseurs d’accès internet tels que Bouygues Telecom, Free, SFR, entre autres. Contrairement aux États-Unis, où environ la moitié de la population a abandonné les offres télévisuelles de leurs opérateurs pour ne garder que l’accès internet et compléter avec des abonnements à différents services de SVoD, cette tendance n’est pas encore dominante en France. Pour éviter qu’elle traverse l’Atlantique, les opérateurs s’efforcent d’améliorer l’expérience client et proposent des packages économiques. Canal+ est en pointe dans cette stratégie de super-agrégation. En s’abonnant à Canal+ Cinéma Séries pour moins de 40€ par mois, les clients accèdent à Canal+, Paramount+, Disney+, Netflix, et AppleTV+, un ensemble qui coûterait plus de 80€ si souscrit séparément.
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Avec un taux de pénétration de 57,5% pour la SVoD, quelles sont les principales dynamiques que vous observez au sein de ce segment de marché ?
PHILIPPE BAILLY
Malgré les idées reçues, il n’y a pas d’inflation généralisée dans le secteur de la vidéo à la demande par abonnement. Alors que les offres étaient autrefois plus uniformes avec un prix unique, il existe maintenant un large éventail d’options. Il existe également des abonnements moins chers incluant de la publicité, avec des tarifs autour de 5,99€ par mois. L’abonnement à Netflix avec publicité coûte moins cher que l’offre la moins onéreuse de la plateforme lors de son lancement en France en 2014, qui était de 7,99€ par mois. De même, Disney+ propose maintenant différentes options: un abonnement standard à 8,99€ par mois, un forfait premium à 11,99€, mais aussi un forfait avec publicité à 5,99€. Lorsque Disney+ a été lancée en France en 2020, le forfait le moins cher était à 6,99€. Cette diversité d’options crée un univers de choix pour les consommateurs.
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Comment l’usage de codes partagés pour l’accès à la SVoD a-t-il évolué ?
PHILIPPE BAILLY
L’utilisation de codes partagés pour les services de streaming est en forte baisse. En restreignant le partage de codes, les plateformes incitent les utilisateurs à opter pour des abonnements payants. Concernant Netflix, beaucoup d’utilisateurs qui partageaient des codes auparavant ont, entre juin et septembre 2023, migré vers des options payantes. Ce phénomène s’est également étendu à d’autres plateformes de streaming, indiquant une tendance générale vers la réduction du partage de comptes et l’augmentation des abonnements individuels payants.
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Netflix et Amazon dominent les «mono-souscripteurs». Comment cela affecte-t-il la concurrence et la diversification du marché de la SVoD ?
PHILIPPE BAILLY
Netflix et Amazon Prime Video sont les deux acteurs dominants dans le secteur de la SVoD. Les nouveaux abonnés ont donc tendance à se tourner vers ces plateformes en premier. Ils peuvent ensuite envisager de s’abonner à un deuxième, voire un troisième service. Pendant longtemps, la moyenne était de 1,9 service par foyer. Récemment, cette moyenne a dépassé les 2 services par foyer, indiquant une augmentation de la diversité des abonnements SVoD dans les ménages. 13% des Français ne sont abonnés qu’à Netflix et plus de 40% des Français ne sont pas encore abonnés à un service de SVoD. Il s’agit là d’un beau réservoir à exploiter.