P-A GIROGUY (Skwad) : «On a généré plus de 30 millions d’interactions sur plus de 6.000 posts»

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Comment rendre l’influence sur les réseaux sociaux plus accessible et authentique en adéquation avec la loi Influence en vigueur ? C’est à travers cette problématique que Skwad, une startup montpelliéraine fondée en 2020, offre aujourd’hui une solution de mise en relation entre annonceurs et nano-influenceurs permettant aux premiers de toucher un public engagé et aux seconds de monétiser leurs contenus. Entretien avec Pierre-Adrien GIROGUY, Fondateur de Skwad.

Comment percevez-vous l’évolution du paysage de l’influence, particulièrement avec la montée des nano-influenceurs hyper locaux ?

 Le secteur de l’influence se diversifie. Ce ne sont plus seulement les grandes marques qui collaborent avec de gros influenceurs. De plus en plus, des commerces locaux ou des marques affinitaires recherchent des influenceurs ayant une forte présence régionale, enracinés dans leur territoire et proches de leur communauté. Skwad répond à ce besoin en connectant les annonceurs avec un grand nombre de ces profils très localisés. Que ce soit pour un restaurant, une région ou un service, nous facilitons la collaboration avec ces influenceurs de proximité. Par ailleurs, face aux défis rencontrés avec les méga-influenceurs, notamment sur le plan légal, les grandes entreprises se tournent de plus en plus vers les nano-influenceurs, qui comptent moins de 10 000 abonnés. Ces derniers offrent une pertinence accrue, une forte localisation et surtout, une authenticité qui est très recherchée.

Quel a été l’impact de la nouvelle Loi Influence sur votre modèle d’affaires ?

Skwad est une application mobile. Nous sommes à la base un éditeur de logiciel. Nous avons intégré la nouvelle loi dès son instauration. Honnêtement, cela n’a pas bouleversé notre fonctionnement. Au contraire, cela a plutôt boosté notre activité. En raison des risques de mauvaise publicité ou de «bad buzz» associés aux méga-influenceurs, de gros annonceurs préfèrent désormais collaborer avec des micro-influenceurs. Ces derniers permettent de répartir et de réduire le risque. Chez Skwad, nous offrons un accompagnement aux micro-influenceurs en leur fournissant des conseils et en les incitant à partager des témoignages sincères, une authenticité qui peut parfois manquer chez les méga-influenceurs.

Skwad s’assure donc de rester conforme tout en offrant des opportunités de monétisation à ses utilisateurs ?

Exactement ! À ce jour, nous comptons plus de 26.000 inscrits sur Skwad. Cependant, tous n’ont pas encore eu l’occasion de participer à nos campagnes. En effet, certaines de ces campagnes se concentrent sur des thématiques très spécifiques, et seuls ceux correspondant à ces thématiques peuvent y participer. Bien sûr, nous proposons aussi des sujets plus vastes. Notre objectif est d’offrir une solution pour ceux qui sont généralement ignorés par les agences traditionnelles d’influence, leur permettant ainsi de faire leurs premiers pas dans le monde de l’influence rémunérée. L’hyperlocalisation permet de renforcer le lien entre une marque et son public cible.

Comment Skwad veille-t-il à ce que les nano-influenceurs conservent leur authenticité, sans compromettre l’intégrité de leur contenu pour une rémunération plus élevée ?

Chez Skwad, nous valorisons la qualité des interactions plutôt que la quantité. La rémunération des nano-influenceurs est directement liée aux interactions qu’ils génèrent. Si un nano-influenceur se met à partager du contenu de moindre qualité, cela se répercute sur son évaluation. En effet, chaque publication est évaluée par notre système, et cette note influence les gains potentiels de l’influenceur. Ainsi, pour un nano-influenceur, opter pour une stratégie de communication de masse sans attention à la qualité serait contre-productif. Ce mécanisme garantit que nos nano-influenceurs demeurent authentiques et fidèles à leur essence.

Comment mesurez-vous l’impact des posts ? Est-ce uniquement basé sur le nombre de likes, de partages et de commentaires ?

Notre principal critère d’évaluation est l’interaction. Nous utilisons le «reach», c’est-à-dire le nombre total de personnes touchées par une publication pour mesurer l’impact d’un post. Comme pour la télévision, les magazines ou la publicité outdoor, on vient contribuer à l’image de marque d’un annonceur et générer de la viralité positive pour la marque ou le service.

Quels sont les plans de développement à moyen et long terme pour Skwad, notamment face à d’éventuels concurrents ?

Nous avons développé une technologie capable d’activer un grand nombre de profils tout en analysant le retour sur investissement (ROI) pour chaque participant. À ce jour, Skwad a généré plus de 30 millions d’interactions via plus de 6 000 posts. Les données que nous collectons et analysons guident notre ambition d’internationaliser Skwad. Actuellement, nous constatons une demande beaucoup plus importante aux États-Unis qu’en Europe de l’Est. Notre objectif est donc de poursuivre cette expansion tout en restant à la pointe de l’innovation pour répondre au mieux aux besoins des annonceurs et des nano-influenceurs.

Un dernier mot ?

Chez Skwad, nous sommes profondément engagés sur le plan humain, social et environnemental. Nous sommes membres de l’initiative «1% for the Planet», ce qui signifie que nous reversons 1% de notre chiffre d’affaires à des causes environnementales. De plus, nous offrons la possibilité à nos créateurs de rediriger une partie de leurs gains vers des associations caritatives directement depuis notre application. Et ce n’est pas tout : pour chaque campagne, nous évaluons l’empreinte carbone afin de permettre à nos clients de la compenser et ainsi de réaliser une campagne de micro-influence plus respectueuse de l’environnement