Olivier KUHN, Président de la commission Jeux d’Argent en Ligne du Geste

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Un an après l’ouverture en France du marché des jeux d’argent en ligne, quel bilan dressez-vous ?
Olivier KUHN
L’ouverture du marché des jeux d’argent en ligne est un succès ! Son lancement a été mené tambour battant et dans des délais assez courts, avec un grand nombre d’acteurs qui ont réussi à obtenir une licence. Trois secteurs de jeux se sont ouverts: le poker, les paris hippiques, et les paris sur les événements sportifs. Si l’offre légale est maintenant bien installée, des efforts restent encore à fournir, notamment en ce qui concerne le renforcement de l’attractivité de l’offre, mais le potentiel est bien là, selon les opérateurs. [NDLR : les Français ont misé sur les jeux en ligne à hauteur de 9,5 milliards d’euros, dont 1,5 milliard sur les paris sportifs (700.000 euros) et hippiques (800 000 euros), et environ 8 milliards sur le poker (cash game et droits d’entrée dans les tournois en ligne).]
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L’écosystème du marché des jeux d’argent en ligne est-il encore fragile ?
Olivier KUHN
Même si l’ouverture du marché est un grand succès, le marché des jeux d’argent en ligne s’inscrit dans un écosystème qui reste très fragile. Certains acteurs, comme le Groupe TF1, ont décidé de se retirer parce qu’ils n’y trouvaient pas leur compte. Par conséquent, il est nécessaire d’ajuster la fiscalité pour s’aligner sur les pratiques de nos voisins européens directs. Une offre de jeu plus attractive est importante si nous souhaitons éviter qu’une partie de l’activité de jeu en ligne retombe dans l’illégalité. La clause de revoyure de la loi du 12 mai 2010 sur les jeux en ligne nous donne l’occasion de travailler sur ces différents points. Cela n’est l’intérêt de personne (ni des joueurs, ni des opérateurs, ni de l’Etat) de laisser le marché s’effondrer.
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Quel est le défi pour la régulation du marché des jeux d’argent en ligne ?
Olivier KUHN
Ce secteur doit être surveillé et réglementé parce que l’on manipule des flux d’argent importants. Il y a aussi la nécessité de lutter contre les sites illégaux. Par ailleurs, du point de vue du régulateur, l’ouverture du marché est un succès puisqu’avant la loi, l’essentiel des jeux de hasard et d’argent sur Internet étaient des jeux illégaux qui exposaient les consommateurs à des risques, le sport et les courses hippiques à des manipulations. Il y avait donc des risques majeurs d’ordre public et social. Le législateur a donc souhaité faire basculer cette demande de l’offre illégale vers l’offre légale. Avant la loi, environ 90-95% de la demande était captée par l’offre illégale sur le marché français, tendance qui s’est inversée suite à l’ouverture.