L’entreprise américaine de streaming Netflix a passé un accord avec le gouvernement canadien pour ouvrir une société de production de contenus originaux sur le sol canadien, a annoncé jeudi la ministre du Patrimoine canadien Mélanie Joly.
L’entente, la «première du genre» selon le gouvernement, prévoit un investissement de 500 millions de dollars canadiens (340 millions d’euros) en contenus originaux canadiens sur une période de 5 ans, assorti d’une amende quotidienne si ce montant n’est pas respecté.
Netflix Canada développera également sa présence en langue française, en investissant 25 millions de dollars sur 5 ans dans des «activités de recrutement (…) de promotion et de développement du marché» francophone. «Une bonne partie» des 100 millions annuels consacrés à la production canadienne sera pour du contenu en français, a souligné Mme Joly, sans préciser de pourcentage.
«Lorsque nous avons commencé les pourparlers avec Netflix, il était fondamental qu’il y ait des investissements en contenus francophones», a précisé la ministre en prenant l’exemple de réalisateurs québécois reconnus à Hollywood comme Jean-Marc Vallée, Xavier Dolan et Denis Villeneuve.
«Dans le contrat, il y a une obligation de la part de Netflix de développer le marché au Québec», ainsi que dans les autres centres francophones de ce pays de près de 37 millions de personnes, majoritairement anglophone.
La société de production de contenus originaux de Netflix qui ouvrira ses portes au Canada sera «sa première à l’extérieur des Etats-Unis», selon un communiqué du gouvernement canadien, qui dit avoir été spontanément approché par le géant du web. L’annonce survient alors que le gouvernement fédéral fait face depuis des mois à des pressions de l’industrie audiovisuelle qui souhaite que Netflix paye des impôts au Canada et contribue davantage à la production de contenus locaux afin d’être soumis aux mêmes règles que les producteurs et diffuseurs canadiens.
Le gendarme de l’audiovisuel oblige les grands groupes de télévision à investir près du tiers de leurs revenus dans des émissions canadiennes, mais Netflix en est exempt. Netflix devra se conformer au régime de taxation fédérale et provinciale en vigueur pour sa société de production en sol canadien, mais ses services de streaming en sont dispensés.
«Nous payons les frais (d’accès à internet) parmi les plus élevés au monde (…) notre gouvernement n’a pas l’intention de gonfler le prix de ces services en imposant une nouvelle taxe», a déclaré Mme Joly.
Néanmoins, Netflix a récemment augmenté le prix d’accès à ses services pour ses quelque 5 millions d’abonnés au Canada, selon les estimations du gouvernement.