N. HERVE (INA) : «BFMTV n’a pas hésité à prononcer «chloroquine» jusqu’à 35 fois par heure»

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L’intensité médiatique de la couverture du coronavirus a été encore plus élevée entre le lundi 23 et le dimanche 29 mars, lors de la 2ème semaine de confinement généralisé, selon La «Revue des médias» de l’INA. Analyse avec Nicolas HERVE, Responsable R&D au département de la recherche de l’INA.

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Un total de 401 heures ont été consacrées au coronavirus et à ses conséquences à la télévision, soit une part d’antenne de 79,6% contre 74,9% la semaine précédente. Ces résultats sont-ils étonnants ? 

Nicolas HERVE

Honnêtement, un peu ! Nous avons senti la vague médiatique monter rapidement avec l’équipe de la «Revue des Médias». Nous pensions déjà être à saturation en matière de médiatisation liée au coronavirus et à ses conséquences, mais ça progresse de 3 à 4%. Pour rappel, la semaine dernière, l’INA a étudié plus de 8.000 heures de programmes sur les chaînes d’information en continu, et 400 heures de programmes d’info sur les chaînes historiques, pour déterminer le «temps d’antenne» consacré au coronavirus. Au final, la médiatisation du Covid-19 et de ses conséquences est un phénomène absolument inédit dans l’histoire de l’information télé. Cela représentait un volume horaire quotidien moyen de 13 heures et 30 minutes par jour et par chaîne d’information sur la tranche 6 heures du matin à minuit. 

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Et sur la deuxième semaine de confinement ?

Nicolas HERVE

Les chaînes info ont encore plus parlé du coronavirus et de ses conséquences avec un total de 401 heures d’antenne (contre 378 heures la première semaine). Comme nous le précisons dans «La Revue des médias», le chiffre est de 14 heures 32 minutes sur LCI, 14 heures 30 minutes sur BFMTV, 14 heures 27 minutes sur franceinfo, et 13 heures 51 minutes sur CNews. En proportion, France 24 est un peu en décrochage sur la thématique.

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Comme vous le soulignez, dans le langage de l’information en continu, on appelle ce type de phénomène un «blast» ?

Nicolas HERVE

Oui, cela signifie que cet événement chamboule à la fois les temps d’antenne, les chroniques, les séquences et efface ainsi tous les repères traditionnels et toutes les grilles. Pour trouver des événements qui balayent toutes les autres actualités, il faut remonter à la couverture médiatique de la mort de Jacques Chirac, le 26 septembre 2019.

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Ce niveau historique de médiatisation autour du Covid-19 peut-il encore progresser ?

Nicolas HERVE

Nous le saurons en temps et en heure ! La mesure du temps d’antenne est comptabilisée à partir de mots de vocabulaire. Et comme les angles journalistiques évoluent, tout peut bouger. En parallèle, on a constaté que Didier Raoult et la chloroquine étaient les nouveaux sujets de la semaine du 23 au 29 mars, BFMTV n’a pas hésité à prononcer «chloroquine» jusqu’à 35 fois par heure, et «Didier Raoult» jusqu’à 15 fois par heure. Les résultats sont d’ailleurs largement identiques sur les autres chaînes d’info en continu. Sur les réseaux sociaux, le groupe des soutiens de Didier Raoult dépasse largement le nombre de partages générés par des médias traditionnels, et par les pages de communication institutionnelle du gouvernement.