D’investisseur en cryptomonnaies à intervieweur des sphères conservatrices, Mario Nawfal a récemment accueilli dans son podcast des proches de Donald Trump ainsi que l’autocrate bélarusse Alexandre Loukachenko, mais il est aussi la cible d’accusations de malversations. A 30 ans à peine, le Libano-Australien aux plus de 2 millions d’abonnés sur X accumule les casquettes. Son influence est néanmoins difficile à évaluer, les nombreux experts contactés ayant dit ne pas être en mesure de faire des commentaires. Tantôt danseur dans des compétitions de bachata dominicaine, conseiller en investissements dans les cryptomonnaies, lui-même investisseur dans plusieurs start-up, Nawfal a en grande partie construit sa notoriété sur le réseau social. Il s’est d’abord fait connaître pour ses prises de parole dans les canaux de diffusion en live «Spaces» au sujet des cryptomonnaies, dans la lignée de l’effondrement de la plateforme d’échange FTX. Sur le site de son podcast «Roundtable», sa présentation porte toujours la mention «leader du Web3», en référence aux cryptomonnaies et à la technologie de la blockchain, et Nawfal continue de publier des informations relatives aux cryptos sur son compte X. Mais sa notoriété repose davantage sur les interviews qu’il anime désormais sur «Roundtable», où il attire en moyenne quelque 200.000 auditeurs en direct plusieurs fois par semaine, selon le site d’analyse spacesdashboard.com. Un score qui l’amène à revendiquer le titre de «plus grande émission sur X» (sans que les statistiques le confirment sur les 30 derniers jours), avec un public notamment attiré par la présence d’entrepreneurs et de personnalités proches de Donald Trump, telles qu’Elon Musk, le ministre de la Santé Robert Kennedy Jr., connu pour ses positions anti-vaccins, ou Andrew Tate, misogyne auto-proclamé et influenceur masculiniste poursuivi pour traite d’êtres humains et viols en Roumanie et en Floride. «Roundtable» revendique sur son site un «journalisme citoyen» qui «rend le pouvoir de l’information aux gens» et promet «la vérité et des points de vue variés». Mais la plupart des entretiens offrent un espace sans contradiction aux invités. Dans une interview postée début mars et décrite comme une «discussion sans filtre, non éditée, sans demi-mesure» avec «le leader au pouvoir depuis le plus longtemps en Europe, plus de 30 ans», Mario Nawfal s’est longuement entretenu avec le président bélarusse Alexandre Loukachenko, proche de Vladimir Poutine. Hochant la tête face aux affirmations de l’autocrate selon lesquelles Kiev et les pays occidentaux sont responsables du conflit en Ukraine depuis 2014 et de son invasion par la Russie en 2022, le podcasteur a revendiqué vouloir «combler le fossé entre l’Orient et l’Occident». Nawfal, qui vit à Dubaï, a par ailleurs été la cible d’accusations de malversations et d’une condamnation. En 2015, la Commission australienne de la concurrence et de la consommation a infligé à son entreprise de vente de mixeurs Froothie une amende de 10.800 dollars australiens (environ 6.200 euros) pour «présentation fausse ou trompeuse» de promotions sur certains produits. Le YouTubeur Christopher Zakrzewski, aussi connu sous le nom d’«Upper Echelon», a quant à lui accusé une autre entreprise de Nawfal, IBC, de pratiquer le «pump and dump» (technique consistant à acheter un titre financier et à en faire la promotion via de fausses affirmations pour faire monter son cours) dans le domaine des cryptomonnaies. Le média américain NBC News a, enfin, révélé en 2023 que plusieurs anciens partenaires commerciaux ou investisseurs accusaient Nawfal de leur devoir des sommes dépassant les 10.000 dollars américains. L’intéressé a nié ces allégations, admettant seulement avoir commis des erreurs et promettant de rembourser les sommes dues.