M. BARRACO (Série Séries) : «Série Séries est un événement agile que l’on repositionne en permanence»

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Du 30 juin au 2 juillet à Fontainebleau, l’édition 2022 de Série Series donne la parole à des créateurs engagés, porteurs d’un regard et d’une vision aiguisés sur la société. Rencontre avec Marie BARRACO, Fondatrice & Directrice de Série Séries.

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Série Series est le rendez-vous des séries européennes et de leurs créateurs, conçu par ceux qui les font. Le concept a-t-il évolué en dix ans ?

Marie BARRACO

Sans jamais complètement bousculer l’ADN de la manifestation qui réunit chaque année 700 professionnels en moyenne, nous nous attachons, à chaque édition, à challenger le concept et notre utilité par rapport au secteur audiovisuel. Depuis plus de dix ans, nous mettons en lumière des œuvres qui reflètent le monde, ses évolutions, ses fractures, ses espoirs, offrant un porte-voix aux créateurs qui observent nos sociétés et retranscrivent à l’écran notre culture à l’échelle européenne. Série Séries est un événement agile que l’on repositionne en permanence, en particulier cette année avec la région Île-de-France. De cette réflexion est né le dispositif «L’été des séries» que nous déployons sur le territoire francilien tout le mois de juillet.

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Un point sur le budget global de Série Séries ?

Marie BARRACO

Le festival est doté d’un budget de 800.000 €.

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Qu’est-ce que «L’été des séries» ? Comment a-t-il été conçu ? A quelle attente répond-il ?

Marie BARRACO

C’est un concept de manifestation itinérante à travers la région Île-de-France. Nous allons à la rencontre des publics avec des projections extérieures dans des lieux emblématiques et à travers lesquelles nous faisons découvrir les nouveaux épisodes de fictions inédites dès la tombée de la nuit, en présence de leurs équipes. Nous organisons aussi une masterclass autour de la composition musicale avec Mathieu Lamboley qui a notamment composé la musique originale de «Lupin». Série Séries lance aussi la première «Nuit des Séries» en partenariat avec France.TV Slash. Ce concept va partir en itinérance dans des salles de cinéma de la région IDF. Derrière cela, l’idée est d’amener les équipes et les créateurs à la rencontre du public.

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La diversification de Série Séries est-elle votre maître-mot ?

Marie BARRACO

Le déploiement de la manifestation répond d’abord à une volonté de la région Île-de-France, notre premier partenaire financier. L’idée est de désenclaver la manifestation et d’en faire profiter le plus grand nombre. Depuis quelques années, Valérie Pécresse, Présidente du Conseil régional d’Île-de-France, agit dans le domaine de la culture pour les Franciliens qui ne partent pas en vacances. Nous avons trouvé cela intéressant d’aller à la rencontre d’un public différent. Autre diversification, mais cette fois-ci sur la partie professionnelle, la remise du «Prix Gloria Palatine Série Séries» qui vise à encourager un projet qui ne fait pas l’objet d’une convention de développement ou de production avec un diffuseur. Nous allons mettre en lumière un projet de série porté par une ou plusieurs femmes et/ou qui met en avant l’action de femmes dans la société.

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Malgré la concurrence des manifestations autour des séries, vous tirez votre épingle du jeu…

Marie BARRACO

Quand vous voyez le nombre de festivals de cinéma en France, on peut dire qu’il n’y a pas tant de festivals de séries que ça. Série Séries a un positionnement à part: ni compétition ni palmarès. Nous ne sommes pas non plus un marché. Le fait d’être piloté par des professionnels, auteurs et producteurs parmi les plus brillants de notre écosystème, permet d’être toujours connecté aux attentes du secteur. Cette année, la question «la fiction peut-elle rendre le monde meilleur ?» a guidé l’intégralité de la sélection que nous souhaitons aussi réflective que festive. Elle nous permet d’aborder la dimension culturelle de la série. Le fil rouge thématique de l’édition se décline aussi en différentes questions abordées au travers la vision inspirante de nos intervenants : la fiction peut-elle rester extérieure à la politique, y compris en temps de guerre ? Peut-elle soigner les âmes meurtries et nous faire dépasser les traumatismes collectifs ? Comment peut-elle soutenir et faire entendre les communautés en difficulté ? Ou comment faire évoluer les représentations ?