L’Ouzbékistan va introduire un «examen moral» au contenu des médias, des chansons ou encore des films avant leur publication

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Les autorités en Ouzbékistan vont introduire prochainement un «examen moral» au contenu des médias, des chansons ou encore des films avant leur publication, annoncé une agence de presse étatique lundi. «Il est très important d’empêcher la diffusion de contenus médiatiques nuisant à l’éducation des jeunes et à notre mentalité nationale», a rapporté lundi l’agence de presse Khabar, porte-voix du ministère ouzbek des Communications, citant un rapport de plusieurs instances étatiques.

«Une procédure d’examen moral sera introduite pour les chaînes de télévision et de radio, les réseaux sociaux, les séries télévisées, les dessins animés, les films, chansons et clips», poursuit Khabar. Ce rapport demande «d’analyser la conformité» des contenus visés et leur «niveau de compatibilité» avec les valeurs de l’Ouzbékistan, ex-république soviétique laïque d’environ 35 millions d’habitants à majorité musulmane. Sans détailler, le texte promet que «des mesures seront prises pour empêcher la diffusion de produits médiatiques menaçant l’éducation des jeunes et la mentalité nationale», dans ce pays d’Asie centrale aux réflexes toujours autoritaires malgré des promesses de libéralisation.

D’après Khabar, cette décision a été prise par le ministère de la Culture, le centre de spiritualité et d’éducation, l’association des médias ouzbeks et une agence qui supervise «l’unification de la politique informationnelle étatique», organe un temps dirigé par l’une des filles du président Chavkat Mirzioïev.

Cette annonce intervient alors que des artistes ouzbeks ont été déjà poursuivis par l’État notamment en raison de «tenues inappropriées» portées par des femmes. Et d’après un projet de loi, chaque représentation d’artistes sur scène devra être préalablement validée par les autorités.

Le président Mirzioïev, arrivé au pouvoir en 2016 à la mort de son prédécesseur Islam Karimov, a mené plusieurs réformes libérales pour rompre avec l’isolement du régime ouzbek, longtemps au ban de la communauté internationale pour sa répression de la société civile. L’Ouzbékistan a réussi à attirer les investissements étrangers et développer le tourisme mais l’opposition politique demeure inexistante, la société civile quasiment inexistante, tandis que la presse et l’économie sont toujours majoritairement contrôlées par l’État.

Le pays a rechuté au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières après une courte période d’amélioration consécutive à l’élection de M. Mirzioïev en 2016, classé en 2024 à la 148ème position sur 180 pays.