L’onde de choc Trump se fait sentir jusqu’au festival South By Southwest

L’onde de choc de la politique américaine anti-diversité et anti-immigration se fait sentir jusqu’au festival South By Southwest (SXSW), un immense événement artistique et technologique aux valeurs largement progressistes. Depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, la Maison Blanche multiplie en effet les décrets exigeant que les agences du gouvernement fédéral suppriment tout effort pour faciliter l’embauche de femmes, de personnes non blanches ou de personnes handicapées. Une liste de termes à éviter sur les sites web des agences ou des documents officiels circule, avec des mots tels que «femmes», «immigrants», «minorités» et «discrimination». Le chef d’état-major interarmées du Pentagone, un homme noir, a été prié de quitter ses fonctions. Et de nombreux grands groupes américains, y compris des géant de la tech, se sont alignés avec la vision de la société de la droite dure, en mettant fin à leurs programmes de promotion de la diversité, de l’équité et de l’inclusion (DEI). Des valeurs à l’opposé de celles du festival SXSW, qui se tient dans le centre-ville d’Austin (Texas) depuis 37 ans, et rassemble des musiciens, des artistes, des influenceurs et des entreprises du monde entier, pour une semaine de conférences, de démonstrations, de concerts et de films. La forte présence internationale «montre ce en quoi nous croyons: la coopération plutôt que la concurrence, la construction de ponts plutôt que leur destruction», a déclaré Hugh Forrest, président de SXSW, lors de son discours d’ouverture lundi. Des pays comme la France, l’Allemagne, l’Australie et le Brésil font la promotion de leurs start-up dans les bars et salles de réunion des hôtels autour du centre de convention d’Austin. Selon ces exposants, le nouvel état d’esprit «America First», anti-immigration, inquiète les entreprises et talents qui auraient pu envisager de s’implanter aux États-Unis. «Si vous êtes un Japonais ou un Allemand qui envisage de transférer ses compétences aux États-Unis, et que vous allumez la télévision et entendez toute cette rhétorique anti-immigrés, vous risquez de changer d’avis, au moins pour l’instant», souligne Dobrina Ustun, avocate spécialisée dans les questions d’immigration, depuis son stand dans le centre d’exposition de SXSW. La guerre contre les mesures pour la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI) a surtout un effet glaçant sur les minorités vivant aux Etats-Unis, a rappelé l’élue Ayanna Pressley. «Il s’agit des femmes. Des personnes handicapées. Des personnes vivant dans des communautés rurales. Des anciens combattants. Des personnes non blanches», a énuméré cette membre du Congrès américain lors d’une conférence. «Le démantèlement des programmes de DEI nuit à tout le monde parce que la diversité concerne tout le monde», a-t-elle ajouté. Ayanna Pressley a été l’une des voix les plus véhémentes à Washington contre le recul des politiques de diversité, qui ont été façonnées par des décennies de lutte de différentes communautés, et ont atteint leur paroxysme avec le mouvement «Black Lives Matter», lié aux violences policières contre les personnes noires. «Nous avons l’impression d’être écrasées», abonde Kerrie Finch, consultante britannique de l’agence de communication AKA. «Toutes les politiques commerciales positives, humaines et normales sont jetées par la fenêtre les unes après les autres. C’est terrifiant. Nous vivons dans une dystopie», a-t-elle continué. D’après Arne Mosselman, d’Ainigma, une société de conseil en IA basée en Europe, certaines multinationales américaines mettent fin à des projets de diversité même en dehors des États-Unis. Une situation d’autant plus regrettable que l’IA générative permet justement aux travailleurs étrangers de compenser leurs difficultés potentielles dans leur seconde langue.