LFP/ droits TV de la Ligue 1 : toujours l’impasse

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Qui diffusera la Ligue 1 l’an prochain jusqu’en 2029? La question n’est toujours pas tranchée et la Ligue de football professionnel (LFP) continue d’âpres négociations avec différents acteurs pour trouver son prochain diffuseur, quelques semaines avant la reprise du championnat de France, le 16 août. Depuis le mois de novembre et après l’échec de son appel d’offres à l’automne 2023, la LFP discute avec beIN Sports afin de lui céder l’intégralité des matches de L1 pour les 5 prochaines années. La proximité de Vincent Labrune, le président de la LFP, avec le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi et Yousef Al-Obaidly, les deux dirigeants de la chaine qatarienne, a permis que cette dernière devienne, au fil des négociations, l’interlocuteur privilégié de l’instance. Assez rapidement d’ailleurs, Labrune est tombé d’accord avec beIn pour obtenir 700 millions d’euros par an contre l’intégralité des rencontres de Ligue 1, une somme que le président de l’instance souhaite pour les droits domestiques de son championnat, selon une source proche des négociations. Mais cet accord n’était valable pour beIn, qui ne veut plus perdre d’argent, qu’en renégociant son contrat de distribution avec le groupe Canal Plus, diffuseur historique du foot français, qui lui verse autour de 250 millions d’euros par saison notamment pour la retransmission de deux rencontres par journée. Or si les dirigeants des deux chaines discutent toujours, beIn n’a pas encore réussi à faire infléchir la position de Canal qui ne veut plus entendre parler de Ligue 1 depuis que la LFP lui a préféré Mediapro, éphémère détenteur des droits TV dont la défection fin 2020 a provoqué la quasi-faillite du football français. Nasser Al-Khelaïfi, Yousef Al-Obaidly, mais aussi l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, ami de Vincent Bolloré, le propriétaire du groupe: tous ont tenté d’assouplir la position de Canal Plus, sans succès pour le moment. Et tant que la chaine ne souhaite pas revoir à la hausse son contrat de distribution avec beIn, le plan A de la LFP d’obtenir un diffuseur unique pour 100% de la Ligue 1, ne peut aboutir. Contraint, le président de la LFP s’est résolu à activer un plan B, sur lequel il planche toujours avec beIn depuis plusieurs semaines. Il s’agit de créer une chaine 100% Ligue 1, qui ne serait plus distribuée exclusivement par Canal Plus, mais par tous les opérateurs du marché qui le souhaitent. Cette solution ne garantirait assurément pas les 700 millions d’euros espérés par la LFP, mais elle permettrait que le foot français n’ait pas d’écran noir à la reprise du championnat le 16 août prochain. Dans ce cas de figure, Canal Plus pourrait, pour la 1ère fois de son histoire, ne proposer aucun match de foot français à ses abonnés. Si elle assure qu’elle n’en veut plus, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour la chaine cryptée qui a acquis tous les droits des différentes coupes d’Europe jusqu’en 2027 pour 480 millions d’euros annuels. Mais depuis la non-qualification de Marseille en coupe d’Europe, elle ne pourra pas compter sur l’OM, dont les supporters constituent son plus gros contingent d’abonnés, pour faire gonfler ses audiences. Quel que soit le scenario retenu, le temps presse et stresse les présidents de club de Ligue 1 et de Ligue 2, pour qui la manne financière des droits TV est essentielle et qui ne savent toujours pas quel budget ils peuvent monter pour la saison à venir. S’ils restent muets et derrière Vincent Labrune qui prône l’unité pour parvenir à ses fins, il n’en reste pas moins que certains, tenus à l’écart des négociations, expriment, en «off», leur inquiétude face à la situation. «Les clubs doivent être inquiets», constate Pierre Maes, consultant en droits TV du sport. «Ils ont trois leviers pour établir leur budget: la billetterie, le sponsoring et les droits TV qui sont censés être la manne la plus sûre. Or là, ils ne savent pas sur quel montant ils vont pouvoir compter». Seule bonne nouvelle, la LFP a augmenté le montant de ses droits internationaux par rapport à la période précédente, de l’ordre de 80 millions d’euros annuels.