Les séries télévisées françaises courent après le modèle américain

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    Les séries télévisées françaises, dont quelques-unes sont présentées au festival de la fiction TV de La Rochelle, cherchent à se renouveler dans le sillage de leurs grandes soeurs américaines, même si, pour certains, la création manque encore d’audace. Canal+ a déjà bien pris le virage avec des séries comme «Mafiosa» et «Reporters». Prochainement la chaîne cryptée diffusera «Scalp» sur les golden boys dans l’univers impitoyable de la Bourse du début des années 90, et «La Commune» sur les banlieues. Pour l’écrivain et critique de séries télé Martin Winckler, les chaînes françaises sont encore bien loin de pouvoir proposer l’équivalent du désormais mythique «Desperate Housewives». «Les Américains depuis toujours prennent des risques. En France, chaînes privées et publiques pensent savoir ce qui est bon ou non pour le public. Par conséquent, elles imposent des sujets. Aux Etats-Unis, on demande aux créateurs de séries d’inventer des choses que l’on n’a jamais vues». Depuis une quinzaine d’années la chaîne américaine la plus innovante est HBO avec à son actif des séries comme «Les Soprano», «Sex and the City» ou «Six Feet Under» et plus récemment «Big Love» une histoire de famille polygame dont Canal+ commence à son tour la diffusion. HBO défraye encore la chronique avec «Tell me you love me», une série où des couples que l’on voit faire l’amour parlent de leurs problèmes sexuels. «C’est une série sur la thérapie sexuelle de couples, c’est audacieux mais c’est un vrai sujet», considère le spécialiste. «Les chaînes françaises qui pourraient prendre des risques, car elles ont une importante part du marché, ne les prennent pas. Elles ne tiennent pas à faire des séries innovantes car tout ce qui est innovant est subversif. Même TF1 se comporte comme une chaîne gaulliste», estime Martin Winckler. Sans oublier l’enjeu financier: produire des fictions audacieuses est risqué et coûte beaucoup plus cher que d’acheter des films à l’étranger. TF1 a ainsi misé sur «L’Hôpital», qui relate les mésaventures de deux jeunes internes dans le service de neurochirurgie d’un grand hôpital de provine. Le tout faisant immanquablement penser au «Grey’s anatomy» américain. En plus pâle. Le spectateur ne s’y est pas trompé et les premiers épisodes n’ont pas rencontré le succès d’audience escompté. Anne Giafferi est la scénariste d’une petite série au ton nouveau «Fais pas ci, fais pas ça», en compétition à La Rochelle et dont la diffusion a débuté samedi sur France 2. Elle aussi juge les productions françaises «aseptisées». Pour «Fais pas ci, fais pas ça» qui raconte les mésaventures de deux familles, la scénariste dit avoir pris pour point de départ la crise d’adolescence de sa fille. «Nous sommes dans la vraie vie avec des dialogues qui ne sont pas policés», explique-t-elle. Le principe de la réalisation est lui-même nouveau: «la série est tournée comme un faux reportage dans les deux familles, entrecoupé d’interviews des parents donnant leur opinion sur l’éducation», ajoute-t-elle. Quentin Raspail, le président-fondateur du festival, met d’ailleurs l’accent sur «la priorité à la création, sur la diversité, l’audace et l’innovation» et martèle que «la fiction est le programme préféré des Français». Une soixantaine de productions inédites, dont 24 en compétition, sont au programme de ce festival au jury présidé par Francis Huster et qui se poursuit jusqu’à dimanche.