Les radios musicales victimes des nouvelles moeurs des auditeurs et des changements des modes de consommation

    Les radios généralistes comme RTL, France Inter et Europe 1 voient leur audience progresser, à l’inverse de la majorité des radios musicales, NRJ en tête, victimes du changement des modes de consommation de la musique. Les chiffres publiés jeudi par l’institut Médiamétrie, qui portent sur novembre-décembre 2008, attestent du phénomène. L’écart entre les audiences de la première radio de France, RTL, et la deuxième, NRJ, s’est encore creusé. Deux radios musicales tirent leur épingle du jeu, Skyrock et Rire et chansons. «Ce sondage montre qu’il y a une vraie crise. Jamais l’écart entre les radios généralistes et les musicales n’a été aussi important. C’est historique», relève Yves Malbrancke, fondateur de «My Conseils», une agence spécialisée dans le média radio. En un an, NRJ a perdu plus de 400 000 auditeurs et Chérie FM quelque 560 000. Dans le même temps, Europe 1 en gagnait 540 000. Les raisons de cette désaffection des musicales ? La consommation de la musique. «Aujourd’hui, le robinet à musique, tel qu’on l’appelait vulgairement il y a quelques années, ne présente plus aucun intérêt. L’auditeur, qui n’avait d’autre choix que subir ce qu’il écoutait à la radio, devient un auditeur totalement actif. Il dispose d’internet, des web radios, de son iPod, des sons de ses copains qu’on lui envoie par MP3», explique ce spécialiste. De fait, les radios dites musicales qui progressent ne sont pas exclusivement musicales. Skyrock est une radio communautaire appréciée des jeunes dont l’animateur Difool draîne à lui seul beaucoup d’audience. Quant à Rire et chansons, elle programme beaucoup de sketches autour de ses chansons. «La radio est dans le monde de la convergence numérique. Les stations qui gagnent ont des contenus, s’appuient sur des sites internet de qualité qui apportent un plus», renchérit Jean-Paul Cluzel, Pdg de Radio France. Yves Malbrancke est également convaincu que les radios musicales doivent travailleur leurs contenus pour enrayer leur chute, comme, par exemple, «trouver des animateurs à forte personnalité». Il souligne aussi l’engouement des auditeurs pour les informations locales. Le groupement Les Indépendants (113 petites radios locales et associatives) réalise d’ailleurs les meilleures audiences de la vague novembre-décembre 2008 (14,4% d’audience cumulée). «Le programme local représente une réelle valeur ajoutée avec des infos qui touchent la région», note-t-il. Pour autant, il est difficile de prédire une disparition des musicales. Elles devraient encore perdre un peu plus d’audience jusqu’au moment où elles finiront par se stabiliser, juge le spécialiste. «Un des gros avantages de la radio, c’est la mobilité. On n’utilise pas internet dans sa cuisine, sa salle de bain ou sa voiture», ajoute-t-il. Les radios musicales nationales adossées à de grands groupes propriétaires de stations généralistes n’ont pas trop à craindre l’avenir. «En revanche, un groupe comme NRJ, exclusivement constitué de radios musicales, doit s’inquiéter et repenser son modèle économique et son fonctionnement», juge encore Yves Malbrancke.