Les gros producteurs TV se lancent dans la fabrication de séries pour le web

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    Deux des plus gros producteurs de programmes télévisés ont lancé cette semaine en France des séries de fiction fabriquées spécialement pour le web: jusqu’à récemment créées par des amateurs passionnés, ces séries sont aujourd’hui l’oeuvre de professionnels. Marathon a lancé vendredi «Dingo ou mytho», première série de fiction française diffusée sur le portail MSN.fr. Elle met en scène deux stagiaires journalistes dans une rédaction web, avides de trouver le scoop qui leur permettra de grimper les échelons. Un épisode de 2 minutes 30 est mis en ligne chaque vendredi, pendant 15 semaines. Depuis le 22 janvier, Endemol France diffuse deux épisodes par semaine de «Cell», présentée comme «la première fiction européenne produite pour une diffusion 100%» sur Internet. «Cell» a été produite par Endemol UK et déjà diffusée en Grande-Bretagne. «C’est la première fois en France qu’un acteur du web, MSN en l’occurence, commande, et donc paye, une série de fiction à un producteur, comme une chaîne télévisée le ferait», déclare David Michel, Directeur Général de Marathon Digital (division nouveaux médias). «C’est un énorme tournant psychologique», car «pour les gens travaillant dans l’Internet, le contenu est habituellement considéré comme quelque chose de gratuit que l’on ramasse et que l’on met à disposition du public», ajoute-t-il. MSN a payé Marathon et se charge de trouver des annonceurs pour parrainer la série. «Cell» est diffusée en France via l’agrégateur de blogs Blogbang (groupe Publicis) sur www.blogbang.com/cell, et parrainé par Epitech, une école d’informatique dont le logo s’inscrit sur l’écran avant la diffusion du spot. Les 20 épisodes de 2 minutes racontent l’histoire du jeune Spence, qui se réveille dans une cellule de prisonnier, sans savoir pourquoi. Seul lien avec l’extérieur, un téléphone portable et ses mystérieux messages. «Notre première activité était de prendre les contenus de nos émissions télévisées et de les reformater pour le web. Aujourd’hui, nous voulons faire émerger des contenus sur internet et les faire remonter à la télévision», explique Axel de Charentenay, directeur des nouveaux médias chez Endemol. Cela permet au diffuseur télé d’être «rassuré sur le contenu, la notoriété acquise et la communauté de fans», ajoute-t-il, soulignant qu’il s’agissait d’«un des relais de croissance» d’Endemol. Ces séries web jouent aussi le rôle d’«incubateur», selon David Michel. Elles coûtent bien moins cher qu’une série TV et «autorisent une prise de risques» impossible à la télévision.MSN de son côté veut «alimenter la communauté Messenger avec des contenus et une expérience originale», afin de se différencier de ses concurrents, explique Alexandre Michelin, de MSN. Ces fictions web «offrent de nouvelles opportunités aux annonceurs, autour et au coeur de ces programmes», alors que la télé interdit le placement de produits, ajoute-t-il. Les fictions pour le web existent depuis plusieurs années, notamment dans les pays anglo-saxons: «Lonelygirl15» (2006), «The Guild» (2007), «Break a leg» (2007)… Le succès est venu via les plateformes d’échanges de vidéos et elles attirent à présent les professionnels: aux Etats-Unis, l’ancien patron de Disney, Michael Eisner, a créé Vuguru, qui produit des contenus pour l’Internet. Sa série «Prom Queen» (2007, 80 épisodes de 90 secondes) a été vue par plus de 20 millions de personnes.