Le CNC et Unifrance se sont réunis ce mercredi pour présenter les chiffres consolidés des ventes et des entrées des films français sortis à l’étranger en 2022 dans le cadre du bilan de l’export cinéma 2022. En présence de Cécile Lacoue, directrice des études, des statistiques et de la stratégie du CNC, et de Gilles Renouard, directeur du cinéma d’Unifrance. L’année 2022 peut être identifiée à juste titre comme celle qui amorce la reprise du secteur du cinéma post-Covid-19, et les résultats de 2022 confirment l’importance capitale de la salle et des festivals dans le cycle d’exploitation d’un film. Le cinéma français affiche à l’international des valeurs en forte hausse par rapport à l’année précédente, réduisant ainsi le retard avec les standards d’avant la pandémie. Le cinéma français cumule 31,3 millions d’entrées et 201,5 M€ de recettes à l’international en 2022. La fréquentation progresse de 75,4% en un an et le retard avec la moyenne des 3 années pré-pandémie se réduit à -46,2%. Pour la 5ème année consécutive, les productions hexagonales mobilisent plus de spectateurs en France qu’hors des frontières, où elles sont exposées aux aléas des marchés étrangers et privées de quelques propositions fortes qui seront lancées en 2023. Pour la 5ème fois depuis 2013, la part des entrées françaises sur le total des entrées en salle dans le monde dépasse 2%, ce qui prouve que l’évolution de la fréquentation annuelle de la cinématographie hexagonale (France + international) est proportionnellement plus forte que celle du marché mondial. L’année 2022 est à marquer d’une pierre blanche en ce qui concerne l’offre tricolore sur les écrans étrangers : 1.222 films sont recensés, dont 291 inédits, et 3.055 nouvelles sorties. Des records historiques ! On assiste aux démarrages de films frais, de films également nouveaux mais dont le lancement a été retardé par la crainte des soubresauts des marchés, et de titres non inédits dont les démarrages locaux ont été repoussés pour la même raison. La hausse du nombre de films français exploités étant proportionnellement moins importante que celle du cumul des entrées annuelles, il n’est donc pas étonnant de découvrir que le résultat moyen par film s’établit à 25.500 spectateurs (19.000 en 2021, 52.000 en 2019). En plus, ce sont les productions fédérant moins de 50.000 et plus de 1 million de spectateurs qui voient leurs rangs s’étoffer. Résultat: une concentration de plus en plus accrue du public sur un nombre réduit d’œuvres, notamment l’offre familiale et l’animation, qui vient creuser un profond écart entre les gros succès et les succès moyens. C’est un film de financement minoritaire qui coiffe le classement des productions françaises à l’international en 2022 : «Sans filtre». Six autres œuvres franchissent la barre symbolique de 1 million de spectateurs, dont les productions majoritaires «Qu’est-ce qu’on a tous fait au bon Dieu ?», «Pil» et «Le Loup et le lion». Au total, 7 films millionnaires s’illustrent en 2022 (soit autant qu’en 2018 et en 2019 !) et 61 autres dépassent les 100 000 tickets vendus (68 en 2019). Sur les 20 plus gros succès de 2022, 14 réalisent plus d’entrées à l’étranger que sur le territoire français, alors qu’on en comptabilisait 7 en 2021 et habituellement une dizaine au fil des années précédentes. L’année 2021 voyait la domination des productions minoritaires (une première) et de celles en langue étrangère, tandis que les rapports de force s’inversent en 2022, l’année étant marquée par un retour des spectateurs de productions majoritairement françaises et de productions en langue française (ces dernières affichent des ratios de reprise bien supérieurs et plus proches des niveaux d’avant pandémie que ceux du cinéma français dans sa globalité), et par quelques productions minoritaires et quelques productions en langue étrangère très plébiscitées.