Toujours pas de concerts debout ou dans de grandes salles, des représentations qui finiront avant 21 heures au théâtre comme au cinéma : les conditions de la reprise s’annoncent délicates dans le monde du spectacle. Le président de la République a annoncé mardi la réouverture au 15 décembre des salles de cinéma et de spectacle, si les conditions sanitaires le permettent. Mais jeudi, la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a précisé que projections de cinéma et spectacles «devront se terminer à 21H00», heure du couvre-feu. «Les gens pourront rentrer sereinement chez eux avec leur billet, servant de sauf-conduit ou preuve» en cas de contrôle du respect du couvre-feu, a-t-elle poursuivi. Mais «il n’y aura pas de souplesse sur l’heure de fin du spectacle, opéra, théâtre ou cinéma», a précisé la membre du gouvernement. C’est une grosse déception pour les exploitants de salle de cinéma notamment, qui ont déjà commencé à organiser des reprises de films sortis juste avant le reconfinement, fin octobre, et des nouveautés. Les séances devraient commencer finalement au plus tard à 18h30 ou 19h00, en fonction de la durée des films. «On nous apporte une petite souplesse par rapport aux autres commerces» qui fermeront à 21 heures, convient le délégué général de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF) Marc-Olivier Sebbag. Mais «cette décision n’est pas à la hauteur des espoirs suscités par l’allocution présidentielle», déplore-t-il. Cinémas et théâtres ont longtemps plaidé pour que les spectacles puissent se terminer après l’heure du couvre-feu, et pensaient avoir obtenu gain de cause. Ouvrir le soir est également crucial d’un point de vue économique: ces séances représentent une grosse partie des revenus des salles, autour de 40% selon la FNCF, qui espère encore convaincre le gouvernement d’assouplir sa position d’ici au 15 décembre. Si théâtres, cinémas et opéras peuvent malgré tout se préparer à rouvrir leurs portes, d’autres pans du spectacle devront ronger leur frein, comme les concerts de musiques actuelles. Ce secteur est l’un des plus durement frappés par la crise sanitaire, puisque les concerts debout sont toujours interdits et les grandes jauges, comme Bercy ou Zenith, toujours bannies. «De trop nombreuses entreprises de spectacles ne pourront pas redémarrer le 15 décembre (…) De même, si les salles sont ouvertes mais que les producteurs ne sont pas en capacité d’y produire leurs spectacles, il n’y aura pas de reprise, seulement l’illusion d’une reprise», a dénoncé dans un communiqué le Prodiss, syndicat national du spectacle musical et de variété dans le privé. Un visuel officiel indiquait sobrement «3e étape: concerts et spectacles debout» pendant que Mme Bachelot parlait jeudi. Mais la ministre n’en a pas dit un mot. «Le 20 janvier, c’est une échéance, une clause de revoyure pour envisager, si la situation sanitaire le permet, les conditions et modalités d’une reprise des concerts debout notamment», a précisé le ministère de la Culture. «A partir du 20 janvier, on pourra réfléchir à des jauges debout pour le printemps», traduit Aurélie Hannedouche, du Syndicat des musiques actuelles (Sma). «Ce «slide» était une fausse-joie, mais, enfin, les jauges debout sont inscrites dans le débat, on va en parler», rebondit Malika Seguineau, du Prodiss. Pour la fin 2020, les concerts de musiques actuelles – en mode assis et distanciés – seront donc rares. Au début 2021, il pourrait donc y avoir une reprise timide, «qui n’aura aucun sens économiquement, mais on préfère ça que d’être sous cloche», analyse Aurélie Hannedouche. Avant un printemps-été qui marquerait, dans le meilleur des cas, le retour des concerts debout et festivals, «même si on a bien conscience qu’on sera encore dans une année alternative», poursuit la responsable du Sma. «Pour les artistes, pécuniairement, ça devient tendu, et moralement c’est très dur», assène-t-elle.
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