Les César mettent les petits plats dans les grands pour leur 50ème édition

Les César mettent les petits plats dans les grands pour leur 50e édition vendredi, avec Catherine Deneuve en présidente de la soirée et comme favoris 2 succès populaires, «Le comte de Monte-Cristo» et «L’Amour ouf», ainsi que la comédie musicale «Emilia Perez». Après une année faste pour le cinéma français, qui a brillé dans les festivals internationaux comme auprès du public en salle, les César ont l’embarras du choix. Un an après le sacre de Justine Triet pour «Anatomie d’une chute», seuls des cinéastes hommes sont en lice pour le trophée de la meilleure réalisation. Avec 14 nominations, «Le comte de Monte-Cristo» part favori, après avoir ravi 9,4 millions de spectateurs, devenant le 2ème plus gros succès de l’année en France. Il est en concurrence avec «L’Amour ouf» de Gilles Lellouche (4,9 millions de spectateurs en France). Le sacre d’un de ces films, ou de la comédie «En Fanfare» avec Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin, pourrait aider à changer l’image de l’Académie des César jugée parfois déconnectée du public. Même si le plus gros carton de 2024 en France avec 10,8 millions de spectateurs, «Un p’tit truc en plus» d’Artus et sa troupe d’acteurs porteurs de handicap, se contentera au mieux d’une seule statuette, celle du meilleur premier film. Pour l’autre grand prétendant, «Emilia Perez» de Jacques Audiard, le suspense est entier. Feu d’artifice visuel et sonore, cette comédie musicale en espagnol sur la transition de genre d’un narcotrafiquant mexicain, est bien placée avec 12 nominations. Mais rien ne va plus. Aux polémiques au Mexique sur la façon dont «Emilia Perez» représente la violence liée au narcotrafic se sont ajoutées des révélations sur d’anciens messages de l’actrice principale, Karla Sofia Gascón sur les réseaux sociaux. Elle y qualifie l’islam de «foyer d’infection pour l’humanité» et raille la diversité dans le divertissement. Depuis, la campagne du film pour les Oscars est plombée. Quel sera l’impact sur les votants des César ? Si Karla Sofia Gason semble hors jeu, la star hollywoodienne Zoé Saldaña pourrait arracher un César de la meilleure actrice. D’autres longs-métrages pourraient créer la surprise, comme «Miséricorde», un film d’auteur à l’audience plus confidentielle d’Alain Guiraudie, et «L’Histoire de Souleymane», de Boris Lojkine, sur l’odyssée parisienne d’un livreur sans-papiers. Les stars populaires nommées dans les différentes catégories, de Tahar Rahim, Pierre Niney et François Civil à Catherine Frot, Alain Chabat et Adèle Exarchopoulos, suffiront-elles à faire remonter les audiences de la soirée, retransmise en clair depuis l’Olympia à partir de 20h45 sur Canal+ ? L’an dernier 1,86 million de spectateurs avaient suivi la soirée, un léger mieux, mais toujours loin des 3,9 millions de téléspectateurs atteints en 2012. Ces 50e César auront une saveur particulière: pour l’occasion, la présidence a été offerte à Catherine Deneuve, qui s’est laissée convaincre. «Je vais monter 3’ sur scène, ce n’est pas le moment que je préfère d’ailleurs, et après je vais suivre la cérémonie», a confié au «Monde» la reine des actrices tricolores. Côté présentation, humour garanti avec Jean-Pascal Zadi, meilleur espoir masculin 2021 pour «Tout simplement noir». Comme c’est désormais la coutume, il partagera l’animation avec une brochette de personnalités, dont Emmanuelle Béart, Cécile de France, Pio Marmaï, … La star américaine Julia Roberts et le réalisateur franco-grec Costa-Gavras doivent recevoir un César d’honneur. Les artistes pourraient profiter de la tribune pour faire part de leurs inquiétudes sur les coupes budgétaires infligées à la culture ou les menaces que fait planer l’IA sur la création. L’enjeu du financement du cinéma, et l’influence du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, propriétaire du groupe Canal+, seront dans toutes les têtes. Diffuseur de la soirée et 1er financeur du cinéma français, la chaîne cryptée est engagée dans un bras de fer pour conserver ses privilèges face aux plateformes, ou réduire sa facture.